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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les femmes du Bus 678 (678)
Egypte / 2012
30.05.2012
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UN TICKET POUR LA LIBERTÉ
Fayza, mère de famille voilée, prend tous les jours le 678, qui est atrocement bondé, pour se rendre à son travail de fonctionnaire. Seba, moderne et issue d'un milieu aisé, organise une fois par semaine des cours gratuits de self défense. Nelly, jeune femme de 22 ans, tout juste fiancée, vacille entre son travail de téléprospection et sa passion du jeu.
Quel est le point commun entre ces trois femmes? Elles ont toutes trois, au moins une fois, subis une agression sexuelle. Choqué? Et pourtant ce n'est pas le cas de tout le monde. La plupart des égyptiennes ont déjà été persécuté par les hommes, mais préfèrent se taire plutôt que de salir leurs réputation et lorsqu'elle veulent le crier haut et fort, leurs malheurs subissent la politique de l'autruche. Le machisme agressif et impuni qui sévit dans la ville devient un quotidien et pour cause le terme agression sexuelle n'est pas considéré comme réelle, puisqu'il n'y a pas eu viol. Ces trois femmes, que tout oppose et venant de milieux différents, vont pourtant s'allier afin de se venger de ceux qui les nomment le sexe faible.
C'est aujourd'hui, à quelques heures de vol de Paris.
Si dans le monde arabe on dit que "la femme est la pitié de Dieu" tant elle souffre, cela s'applique rarement au quotidien de celles-ci qui doivent s'adapter dans un monde d'hommes.
Basé sur des faits réels, Mohamed Diab, signe ici une très belle oeuvre. Son film réveille et choque. Ayant subit de nombreux procès, tous gagnés, Les femmes du bus 678 a failli ne jamais sortir. Et pourtant, contre toute attente, depuis 2 ans, il a rencontré un énorme succès en Egypte mais aussi à travers le monde, il a d'ailleurs reçu le prix du public au festival du cinéma méditerranéen de Montpellier.
Ce film ne vous laissera pas de marbre et vous captivera jusqu'au dénouement final. Un véritable vent chaud et choc venu d'un pays en ébullition, qui a compris que le cinéma était un porte-voix unique. Ce film militant n'est jamais démonstratif tant les doutes et les certitudes s'entremêlent, avec passion. Au-delà de soulever des tabous énormes, avec une justesse, de l'audace et du cran, il révèle le poids de l'indifférence. Cette lutte, qui pourrait être une parabole de la révolution égyptienne, unifiant les classes sociales, exalte la solidarité à travers une intrigue romanesque, où l'individualisme fait corps avec le collectif. Certains trouveront ça surchargé, didactique, pédagogique et même mélo. Mais cette outrance, ingrédient essentiel du cinéma égyptien, ne fait que nous rapprocher d'un combat universel : celui des femmes face à une société crée par les hommes. cynthia
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