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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La grammaire intérieure (Hadikduk Hapnimi)
Israël / 2010
13.06.2012
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BROKEN WINGS
"Il faut toujours que tu sois différent."
La chronique adolescente est un genre en soi, avec ses tics et ses travers, plus rarement ses bonnes surprises. Mais celle proposée par Nir Bergman, d'après le roman de David Grossman, se distingue du lot par un ton amer et désenchanté qui rend communicatif le mal être éprouvé par le jeune héros. Spectateur de sa propre existence, l'adolescent s'enfonce dans une mélancolie qui n'a rien de romantique ou d'étudiée. A la limite de la dépression, il tente de trouver son chemin dans un monde qui n'offre ni repère, ni perspective. Autour de lui, les adultes semblent au bord de l'étouffement. Résignés, creux, injustes et fondamentalement malheureux, ils donnent un exemple lamentable de mesquinerie et de banalité.
Car rien de grave ne survient dans ce conte intimiste tout en retenue. Ni drame, ni tragédie qui viendraient expliquer la médiocrité de ces existences plates. La mise en scène soignée mais discrète de Nir Bergman, son extrême rigueur stylistique et la subtilité quasi spartiate de son propos transcendent cette apparente simplicité pour en faire rejaillir toute la poésie délicate. La manière dont Aharon s'approprie les mots et notamment le fameux présent continu britannique (I am doing - "je suis en train de faire") laissent transparaître sensibilité à fleur de peau et vivacité d'esprit malheureuse dans une époque qui préfère la force physique et le culte du corps.
La grammaire intérieure reste ainsi à la hauteur de son personnage principal, épousant son point de vue sur le monde sans réellement donner de contrepoint. On est comme muré avec lui dans cette solitude insondable que seules des émotions sincères peuvent rompre : l'exaltation d'un tour de magie, une amitié passionnée, un fugace sentiment d'appartenance... Tout cela pourrait rester anecdotique, chronique douce amère, ironique et sans illusions d'une adolescence déphasée, si la dernière partie, onirique et presque désespérée, ne donnait la dernière impulsion pour en faire une œuvre douloureusement bouleversante.
MpM
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