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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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El campo
Argentine / 2011
13.06.2012
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LA JEUNE FEMME ET LA MORT
Délabrée, sombre et loin de tout, la maison du film donne à penser à la mort. C'est ce qui arrive à Elisa, le personnage principal, lorsqu'elle s'installe pour la première nuit dans cette maison de campagne. En particulier lorsqu'elle tombe sur sa très vieille voisine Odelsia. Lâchant ses assiettes part terre et restant bloquée par cette image flétrie par le temps, qui lui rappelle qu'un jour elle sera ainsi.
Odelsia n'est que le reflet d'elle-même, d'un futur qu'elle ne veut pas connaître, du temps qu'elle ne veut pas subir. En prise à la paranoïa, elle s'en prend à ce miroir vieilli et à son mari, les seuls personnes qui l'entourent dans ce décor fantomatique. Pour oublier la mort, elle glorifie la vie dans les bras de son mari aussi souvent que possible, mais ce n'est toujours pas relaxant. La scène d'amour dans la voiture où elle se donne tout entière à Santiago ressemble ainsi à un viol. Acceptant au début, elle fini par avoir le regard vide et à ne plus bouger sous l'emprise de cette agonie, de cette petite mort qui lui donne à penser que donner la vie revient à créer sa propre mort.
Sous fond d'ambiance inquiétante, El campo nous montre alors comment un simple changement dans nos vies peut aboutir à une totale remise en question. Angoissant, comme un vieux thriller des années 50, ce drame psychologique italo-argentin primé au festival d'Amiens, nous montre qu'être face à soi-même n'est pas forcément reposant. Sartre disait que "l'enfer, c'est les autres". Il avait peut-être tort : parfois, l'enfer c'est d'abord nous-mêmes. Cynthia
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