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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Playoff
/ 2011
04.07.2012
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AU PANIER
Playoff, le dernier long-métrage du réalisateur Israélien Eran Riklis, tourne inlassablement en rond. Un peu comme si le cinéaste ne parvenait jamais à trouver la bonne distance dans sa démonstration en voulant aborder la grande Histoire par l’intermédiaire de la petite. Le traitement, non singulier malgré l’intime qui le convoque, accouche d’un ton académique à la limite du surfait dans sa mise en images. Sans ruiner l’approche de Riklis, disons qu’il existe des dizaines de milliers de petites histoires de la vie ordinaire plus ou moins fortes, plus ou moins pertinentes, plus ou moins exemplaires, plus ou moins cinématographiques que l’on pourrait « fictionnaliser » pour donner aux hasards de la vie une dimension universelle. Eran Riklis part donc d’une histoire vraie. Celle de Ralph Klein (Max Stoller dans le film), entraîneur de basket israélien d’origine allemande né avant la seconde guerre mondiale et qui décide, contre l’avis de tous, de prendre en main l’équipe nationale de RFA au début des années 80 (1982). Mais pour en faire quoi exactement ? En toile de fond, qualifier l’équipe pour les Championnats du monde de Los Angeles. En résistance, mettre à nu, dans le mystère d’une époque trouble et avilissante, les anciennes blessures d’un enfant arraché à sa terre natale.
Max l’adulte cherche donc des réponses. Mais pas sur les parquets de basket. La dimension symbolique un temps esquissé par le réalisateur s’efface au profit d’un cheminement personnel trop terne pour soulever l’intérêt. Le refoulement s’extirpe alors lentement, en silence, soutenu par une mise en scène faiblarde incapable de retranscrire une émotion autour de cette Allemagne hantée par l’holocauste. Si certains, comme Max Stoller s’y confronte brutalement, d’autres, à l’instar de Thomas (le capitaine de l’équipe) et de Deniz (jeune turque immigrée partit à la recherche de son mari disparu) la subisse. Jamais les figures ne se fendent. Elles restent imperméables, presque éteintes, comme inutiles à la démonstration du cinéaste. Et nous tournons en rond au rythme des postures.
Un peu de sport (signalons que les rares scènes de basket sont d’un ennui mortel), une quête en demi-teinte à rallonge, une relation (Stoller-Deniz) qui ne prend pas ou bien maladroitement, des révélations en forme de non-révélations. Playoff pêche par son didactisme froid là où il aurait sans doute fallu prendre le risque de laisser le challenge sportif de Max Stoller devenir une caisse de résonance sur le pardon et le dépassement de soi d’un peuple condamné à vivre sur les cendres d’un crime universel et intemporel.
geoffroy
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