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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Summertime (The Dynamiter)
USA / 2011
04.07.2012
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LA VIE DEVANT LUI
«- Mes rêves étaient déjà plus petits que ceux des autres. »
Il y a une poésie indicible dans ce film court (73 minutes), épuré et simple. La musique est légère, comme des balades folks d’une autre époque. La photo se plaît à être sensorielle avec la nature et les corps. Le jeune acteur, très à l’aise dans les nuances de son personnage, sort tout droit d’une publicité pour la marque Abercrombie & Fitch. Cet esthétisme contraste avec le cadre sociologique misérable, l’histoire mélodramatique et le chaos psychologique des personnages.
A partir d’une cellule familiale implosée, et d’un rêve de recomposition, un adolescent, qui refuse de quitter l’enfance (et d’avoir un quelconque rapport sexuel avec les filles) tout en assumant maladroitement les responsabilités à la place des adultes insouciants, névrosés ou alzheimer, hésite sur le chemin qu’il doit prendre, entre délinquance pulsionnelle et désir d’être à la hauteur, de se débrouiller par lui-même. Il reste l’autorité : un shérif débonnaire, un proviseur à la fibre sociale, un employeur rigoureux…
« Un homme ne se résume pas à son nom » mais dans un monde où la réputation est plus forte que les faits, les actes, l’histoire, le contexte, le nom d’un père qui n’existe pas est une tare surtout quand « un nom c’est tout » (ce qu’il a). Il rêve d’une famille unie, mais chaque membre est ailleurs. Cette utopie inatteignable le condamne à choisir sa voie.
L’idée qu’il couche par écrit ses pensées intimes (en guise de punition à cause d’un larcin) transforme le film en conte davantage qu’en drame. Il n’y a jamais de jugements. Le cinéaste ne cherche pas à nous bouleverser, mais juste à nous emmener sur cette route dont on ne connaît pas la destination.
Cette incertitude permanente permet de nous laisser envoûté par cette fable sociale. On ne sait jamais si Robbie va plonger ou s’il va être sauvé. Mal aimé, marginal, bienveillant, protecteur, abandonné, paumé, insolent, un peu sauvage, il nous séduit comme Léaud en son temps dans Les 400 coups.
Bien sûr Summertime n’est pas au niveau du film de Truffaut. Mais ce même souci de se construire à travers les épreuves et une totale indépendance, cette manière de comprendre que seule sa liberté le libérera de ses chaînes, nous conduit à un final plus lumineux qu’on ne le craignait et nous renvoie à ce prologue dans les champs, par temps de canicule, quand le soleil chauffe la peau et que le monde lui appartient, sans l’ombre d’un ado crétin ou d’un représentant de la société. C’est davantage la beauté du message que celle du personnage qui nous émeut…
vincy
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