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HOLLYWEIRD
« J’aurai aimé que la vérité soit plus fausse. »
Entre rock FM vintage et navet romantique, qui, au troisième degré, peut s’avérer hilarant, Rock Forever est une comédie musicale qui souffre d’un scénario plat et prévisible, de l’intrigue au dénouement.
Alors, il y a du tatouage, des cheveux longs, du cuir, de la drogue, de l’alcool, du sexe mais tout cela n’est pas si rock n’ roll. Enième variation de la plouc (blonde, précisions, du genre à oublier son sac n’importe où sans que la scripte n’y trouve rien à redire) qui se fait débauchée dans la grande ville pour vivre ses rêves (devenir star, forcément, et rencontrer l’homme de sa vie, évidemment), le film ne se détache jamais pour proposer quelque chose d’original. Même le conflit entre la femme du Maire (Catherine Zeta Jones dans une caricature atroce de son personnage de Chicago) et cette salle de concert dédiée au rock « heavy » (ou sirupeux) rappelle La Cage aux poules (The Best Little Whorehouse in Texas) où le gouverneur souhaitait fermer un bordel populaire.
Le bordel ici est surtout une cacophonie kitsch (et parfois anachronique). Quand tout le bus se met à chanter, on prend peur. Il faut bien une Mary J. Blige pour élever le niveau musical. Sinon, le burlesque l’emporte trop souvent sur l’histoire. En cela, Alec Baldwin a le beau rôle, parfaitement cocasse, un peu audacieux, surprenant. L’acteur est idoine pour ce personnage de loser optimiste.
Dans cet univers plus fantasmé que réaliste, le conte de fée, avec sa méchante reine qui veut nettoyer Los Angeles de ses péchés, n’est jamais crédible. En moins d’une semaine, l’héroïne s’intègre mieux qu’un étudiant après une année de fac. Il faut tout le talent de Tom Cruise pour nous sortir de cette mièvrerie. Il excelle toujours dans ces personnages extrêmes, incorrects, à la démarche animale, presqu’outranciers. Exhibitionniste, maniant une auto-dérision louable, Cruise s’amuse, et nous avec. Il transpire le sexe mais la caméra reste prude. Ses répliques à la Jean-Claude Van Damme, sa scène de sexe simulée surjouée lui offrent une partition d’un autre niveau, comparée à celle de ses collègues.
Mais cela ne suffit pas à sauver l’ensemble, assez ennuyeux. Il aurait fallu plus de folie dans la mise en scène, davantage de délire, quitte à être dans l’improbable. Même le potache Boys Band ne fait pas rire, et l’aspect queer n’est pas assumé. Il manque une distance, un regard, une direction artistique. Ce qu’on pouvait déjà reprocher à Mamma Mia ou Rent…
On pourra toujours taper du pieds à certains refrains, il ne reste de Rock Forever qu’un air maintes fois entendu à la radio. On en connaît la mélodie, mais on a déjà oublié les paroles.
vincy
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