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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Je me suis fait tout petit
France / 2012
11.07.2012
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QUE FAIT LA VIE ?
« - Je voudrais pas mettre les pieds dans le plat mais je trouve qu’il y a une tension sexuelle entre nous.
- C’est ce que t’appelle pas mettre les pieds dans le plat ? »
Il y a de l’espoir dans ce film. Pas seulement avec cette histoire d’homme brisé par une passion amoureuse, et qui se décide à reprendre son destin en mains. L’espoir se situe également dans ce premier long métrage qui ouvre la voie à un style narratif aussi touchant q’attachant, sensible que drôle. Je me suis fait tout petit souffre d’imperfections, notamment le rythme trop distendu pour que la comédie soit tout à fait réussie ou le mélodrame complètement assumé. Mais le style y est. Des personnages d’apparence fantasques, des dialogues aux frontières de l’absurde, des situations cocasses, et cet ensemble se situe dans un contexte grave, pour ne pas dire désespéré.
Regrettable de voir Cécilia Rouaud flirter avec certaines pistes qui auraient mérité davantage d’approfondissement, de frôler la magie de certaines scènes sans maîtriser le lien entre elles. Cela n’empêche pas, cependant, d’éprouver un réel plaisir devant certaines séquences, inspirées, qui allègent par la dérision un contexte qui aurait été habituellement filmé avec gravité.
Dans ce monde à la fois guilleret, idéalisé et désenchanté, tous sont névrosés (et pas à faible dose). Leur charme provient de leurs tics, obsessions, passions, maladresses gestuelles, de leurs dysfonctionnements. C’est par leurs différences et leur inadaptation à la norme qu’ils se reconnaissent. Tous sont finalement d’ailleurs très solitaires, tout en étant extrêmement sociables. Ce chaos humain dans une famille composite, qui s’agrandit au fil des rencontres, emballe une machine déjà mal huilée. Tout se détraque, même si le montage empêche que cela vire à une folie jouissive. Sans doute parce que la cinéaste a voulu trop ancrer son film dans la terre alors que tous ses personnages ont le regard tourné vers le ciel.
Il est d’ailleurs difficile de résister à ces êtres émus, déstabilisés pour un rien, tremblant face à leurs sentiments. Leur détresse à vouloir se sauver d’eux-mêmes, par de grands efforts, heureusement pas vains, les entraîne sur un chemin convenu mais plaisant. Les comédiens jouent leur partition avec grâce. Les bizarreries, étrangetés, secrets, et autres remparts contre la normalité, fait fuir la banalité avant qu’elle ne les sauve.
Leur vie est ainsi décousue, comme le film peut l’être parfois. Tout comme cette manière de lutter contre eux-mêmes conduit cette fiction à freiner des quatre fers contre son envie de liberté absolue. La réalisatrice préfère nous amener vers une forme d’apaisement, sans qu’on sache réellement si tout cela est plausible, si tout cela n’est pas trop beau. Car de ce bordel tragique, entre mutiques et bons clients pour un psy, naîtra l’espoir dont nous parlions au début… Débordés par la vie, les personnages, au bord du désastre, vont vouloir voir grand. Leur seule ambition étant d’aimer. La fée Paradis (merveilleuse) s’emploiera à guérir les plaies de chacun. Quant à la réalisatrice, elle nous aura mis du baume au cœur.
vincy
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