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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Kill List
Royaume Uni / 2011
11.07.2012
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TUER N'EST PAS JOUER
Kill List, deuxième film de Ben Wheatley (Down Terrace), apparaît au sortir de la salle comme un incroyable bazar. Si la trame, celle de tueurs à gages que l'on suit dans leurs péripéties, s'avère banale d'un bout à l'autre ou presque, le film surprend finalement dans la tournure qu'il prend dans son dernier tiers, véritablement bizarre avec sa virée dans l'épouvante efficace aux lisières de l'étrange.
Pour tout le reste, ce nouveau long-métrage déçoit par la platitude de son ensemble. Froid, appuyé par une ambiance sonore pesante, Kill List se fourvoie dans des ellipses incessantes qui viennent casser ou bien le rythme ou bien le rendu d'une scène. Ce n'est pourtant pas faute à des acteurs plutôt bons de tenter de faire exister leurs personnages, mais dans la plupart des cas, les hommes (Michael Smiley et Neil Maskell) ne parviennent à attirer la sympathie du spectateur qu'au sein du couple qu'ils forment avec les actrices Myanna Buring et Harry Simpson. Rarement haletant, toujours aléatoire dans sa mise en scène, le long-métrage hésite dans sa représentation de la violence qui s'obstine tantôt à nous épargner les passages cradingues tantôt à nous la cracher en pleine face sans que l'on y voit un réel intérêt. C'est sans doute le gros problème du film de ne pas montrer où il cherche à aller, en plus de manquer de nous convaincre de ses choix de par son déroulement laborieux.
Passée la longue scène du dîner qui rythme la première partie du film où sont présentés les différents personnages, on vogue ainsi dans une histoire boiteuse d'assassinats sur lequel plane l'ombre des premiers Tarantino jusque dans le choix de chapitrage. Le tout n'est d'ailleurs pas dénudé d'un certain sens de la dérision, ne serait-ce que lors d'une scène à penchant anticlérical. Reste que cette bancale histoire de violence à l'allure "cronenbergienne" n'est pas inintéressante, et ce malgré son caractère plutôt imprévisible dans le traitement. Car si l'on a beau connaître les codes du genre avec les tueurs à gages qui vont vouloir se ranger -en vain-, on ne devine bien heureusement que rarement les scènes à venir. C'est déjà ça : un film qui progresse, platement certes, mais avec une liberté de ton dont le final est un bon témoignage, rappelant A serbian film.
Kill List constitue donc un long-métrage déconcertant qui va en dérouter plus d'un mais qui produit son petit effet, surtout quand il dérape du thriller à l'épouvante. Mais l'effet ne suffit pas, et l'ensemble nous laisse un peu sur le carreau. Matthieu
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