Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Lady Vegas, les mémoires d'une joueuse (Lay the Favorite)


USA / 2012

08.08.2012
 



LA PETITE ARNAQUEUSE





« C’est le premier boulot adapté à mon cerveau »

Un Stephen Frears en mineur. Superficiel et léger. Parfois, on se demande même si c’est bien le cinéaste des Liaisons dangereuses qui tient la caméra. Depuis quelques films, Frears s’amuse avec des comédies plus ou moins inégales qui, à chaque fois, font écho à ses anciens films, comme des diptyques improvisés. Madame Henderson présente, The Queen, Chéri et Tamara Drew sont ainsi comme des faces B (opposées) de ses premiers films. Lady Vegas ne fait pas exception : il est à la comédie américaine ce que Les Arnaqueurs est au film noir hollywoodien.

Mais ce long métrage (assez court finalement) n’a ni le magnétisme, ni l’atmosphère, ni même l’intérêt des Arnaqueurs, sans doute l’un de ses meilleurs films. Ici tout est effleuré, facile, dépourvu de toute ambition cinématographique. Frears ne cherche même pas à imposer son style ou un regard singulier sur cette histoire.

Il se repose pépère sur un scénario, sans grande originalité mais amusant, et des comédiens en forme, qui déclenchent des sourires. Rebecca Hall en belle un peu cruche, fiable, spontanée, pas si con, allumeuse romantique, étincelle avec ses rêves de pacotille (Vegas, déjà, c’est très moche) et une réalité qui la dépasse. Après Moonrise Kingdom, Bruce Willis confirme que son virage vers les comédies décalées, en homme mûri et soumis aux désirs des femmes, lui réussit. Ne plus jouer les héros et vieillir comme un bon vin… De même Catherine Zeta-Jones, après quelques impairs (un jeu à côté de la plaque dans des fiascos) revient en forme dans ce personnage d’américaine vulnérable, dépressive, névrosée, manipulatrice et jalouse.

Les deux femmes enlèvent toute virilité à ces hommes, comme dans les récents Frears. Car depuis Mme Henderson présente, le cinéaste s’intéresse à l’émasculation de la masculinité. Girl Power. Même la Lolita parvient à dominer ces hommes dépeints comme des hystériques, inconstants, colériques, incontrôlables, immatures...

Dans cette histoire d’escroquerie, d’ascension et de chute, avec parfois un jargon incompréhensible qui nuit à la bonne compréhension de certaines situations, aucune embrouille ne vient contrarié le déroulé jusqu’au happy end improbable, fantaisiste, lumineux et optimiste. Les angoissés sont apaisés. Les battants sont gagnants. Rarement le cinéaste n’avait donné aussi peu de profondeur à un film. Sorte de pilule non pas euphorique mais bine anti-dépressive.

En effet, Frears, maladroitement, trop naïvement, ne parvient pas à faire le lien entre l’intrigue qui esquisse un début de suspens et de tragédie et une conclusion sentimentale et familiale où une « famille » se forme sous nos yeux là où on attendait plutôt une association de malfaiteurs honnêtes. Tout ce glucose, dents ultra-brite inclues, peut se savourer comme on a envie d’une glace en plein été. Mais le plaisir s’évapore vite. Comme une comédie banale du samedi soir.

Stephen Frears n’a pas voulu miser gagnant, même s’il ne perd pas beaucoup de plumes au bout du compte. Le cinéphile sera plus impatient de découvrir son prochain film, un drame sur Mohammed Ali. Les paris sont ouverts.
 
vincy

 
 
 
 

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