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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Expendables 2: Unité spéciale (The Expendables 2)
USA / 2012
22.08.2012
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LES IMMORTELS, SO VINTAGE
"- C'est quoi le plan?
- Les traquer, les trouver, les tuer."
Oyez, oyez braves spectateurs – masculins de préférence – pour qui l’été 2012 manquait cruellement de testostérone comme de gros bras musclés aux vilains tatouages, les bad guys de l’équipe des Expendables sont de retour dans la chaleur d’un opus bis bien décidé à vous en mettre plein les mirettes. Car la recette est la même, sans aucune variation. Si ce n’est d’appuyer un peu plus sur l’accélérateur du film bourrin à souhait, sorte d’apothéose indépassable de l’ « actioner » made in 80s. Pour tous ceux qui trépignaient d’impatience à l’idée de retrouver Stallone, Statham, Li, Lundgren, Couture, Crews et les guests Willis et Schwarzenegger, n’ayez crainte, ils vont vous donner du plaisir coupable, entre bons mots et « dégommage » de méchants dans les règles de l’art estampillé série B. Mais une telle suite ne serait rien sans un petit plus marketing. La présence de Chuck Norris et de Jean-Claude Van Damme nous l’apporte comme sur un plateau, ressort scénaristique à l’appui, puisque notre karatéka belge endosse pour l’occasion le rôle du méchant de service.
Expendables 2, réalisé par Simon West et non Stallone (il a préféré retrouver ses petits copains comme simple acteur), envoie du lourd dans un joyeux bordel autoréférentiel, limite parodique, pour mieux se moquer d’un scénario d’une pauvreté abyssale. L’engagement scénaristique ne s’embarrasse d’aucune pudeur pourvu que le moteur de l’action, la vengeance dans ce cas précis, parvienne à stimuler l’implication héroïque de notre troupe de vieux briscards spécialistes des missions commando. Mais l’action qui s’y déploie est en retrait vis-à-vis du premier opus un peu comme si l’âge de nos chers mercenaires les aurait enfin rattrapés. La frustration pointe alors le bout de son nez sans crier gare malgré une introduction en mode destruction massive de PlayStation. Si le climax ne déçoit pas, l’affrontement final si. D’ailleurs il revendique à lui seul ce qu’est le film : une réunion de stars sur le déclin, icônes remarquables d’un cinéma lui aussi sur le déclin – s’il n’est pas déjà mort – et dont Stallone en est la figure de proue.
Chacune des stars en question sera servie au détriment de la logique interne du film qui devient, par la même occasion, une vitrine à héros. De là, aussi, le sentiment d’assister au chant du cygne d’un film choral à la structure bordélique car je-m’en-foutiste, moins carré que le premier, moins bien filmé, comme si l’implication de Sly dans l’hommage rendu aux « actioners » des années 80 avait de toute façon déjà été réalisée en 2010. L’engagement est autre. Du côté des gueules, des physiques marqués par l’épreuve du temps, comme figés dans l’ère d’un Reaganisme ringard assumé jusque dans son rapport iconique par l’inénarrable Chuck Norris. Mais le second degré n’est pas totalement absent, au contraire, comme le prouve l’intervention d’un Schwarzenegger prompt à piquer la plus belle réplique de John McLane/ Bruce Willis. Tout n’est donc pas à jeter pourvu que l’on comprenne les intentions forcément roublardes d’un Stallone s’amusant comme un petit fou avec sa brochette de copains.
Et Stallone dans tout cela ? Il sait qu’il n’est pas immortel. Du moins physiquement. Alors il en profite, joue des postures, en abuse, se crée le beau rôle en pourvoyeur d'icônes toujours debout malgré l’adversité. Il se moque de la mort en quelque sorte. Et de son film qui n’est pas très bon. Mais là n’est pas l’essentiel puisqu’il aura réussi son pari fou contre ses contempteurs historiques sur la foi d’un film indigent dont la vaillance obsolète aura su rencontrer le public. Le roi est mort, vive le roi !
geoffroy
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