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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Associés contre le crime...
France / 2012
22.08.2012
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L’HEURE ZÉRO POINTÉ
Au troisième épisode, les aventures de Bélisaire et Prudence divaguent vers du grand n’importe quoi, tout en se ramollissant avec l’âge. Les personnages sont bons pour la maison de retraite. Ce qui faisait le charme des deux premiers épisodes – la légèreté, l’humour des dialogues, l’atmosphère désuète – se transforme en boulet. Comme si la mécanique, moins inspirée, trop répétée, se grippait. Les rares scènes avec un peu d’action n’emballent jamais : les deux acteurs s’amusent à jouer les espions mode senior (leur public après tout) - il ne manque plus que le déambulateur. On est loin du clan des vieux agents de RED.
Associés contre le crime souffre d’un scénario trop éclaté, anachronique et invertébré.
Eclaté car il ne parvient pas à suivre ses personnages. Dussollier joue les seconds couteaux jusqu’à être obligé de devenir ridicule (un comble pour ce grand acteur). Les seconds-rôles n’ont qu’une tonalité à jouer. Et Frot, exquise mais sous exploitée, se voit remuer dans tous les sens : de l’épouse bafouée à la fille mélancolique, de la détective pugnace à la femme insouciante. Elle semble perdue. D’ailleurs elle s’y perd. Elle ne sait plus où elle est, qui elle est, ce qu’elle fait là.
Anachronique tant ce mode d’espionnage artisanal et bricolé (une forme de réalisme quelque part) ne s’harmonise jamais avec le sujet presque futuriste (le rayon vert au fond du lac pourrait être de la science fiction, même si l’on voit très clairement qu’il s’agit d’un projecteur). Cette nostalgie en hommage à Agatha Christie ne fonctionne pas lorsqu’on parle de chirurgie esthétique hautement technologique.
Invertébré, enfin, puisque de la comédie au drame romantique, du policier façon téléfilm du vendredi soir au complot pas très clair, le film ne sait jamais quelle voie choisir, quel genre lui convient le mieux. S’offrant des séquences complètement inutiles ou des scènes qu’on pourrait croire filmées pendant les répétitions, Associés contre le crime pourrait être une parodie YouTube des deux précédents films ; on imagine le pitch : Mon petit doigt m’a dit croisé avec "Les envahisseurs" et "La clinique de la forêt noire".
Le rythme empesé, l’humour rare, l’histoire qui ne sait pas comment se finir (et s’achève dans un délire qui laisse pantois tant il est peu crédible et raté) ne sont sauvés que par l’alchimie du couple et leurs éternels jeux d’enfants. Pour le reste, Pascal Thomas aurait pu travailler un peu plus la fantaisie ou, au contraire, s’essayer au « fantasy ». Là, il nous laisse stupéfait face à tant de gâchis.
vincy
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