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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Moi, député (The Campaign)
USA / 2012
29.08.2012
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CAMPAGNE CATASTROPHE
"- Amérique, Jesus, Liberté.
- Qu'est ce que ça signifie?
- J'en sais fichtre rien, mais les gens adorent quand je le dis."
Ce ne sera ni le premier ni le dernier film se penchant sur une campagne électorale américaine. Cette satire férocement drôle se démarque par ses excès. Une caricature grossière, mais, en creux, subversive, sur un système démocratique à bout de souffle. Des discours creux en paroles de bois, de clips de campagnes (déjantés) mesquins en coups bas (ou avec les poings), le délire va très au-delà de ce qu'on attend d'un film "politique". L'excès fait de Moi, député une farce souvent hilarante. La confrontation entre un mannequin Vidal-Sassoon, bon politicien et mauvais député, et un citoyen lambda, proche du raté mais honnête, créé des étincelles. Et des séquences cultes (la prière A notre père notamment).
Les deux comédiens n'y sont pas étrangers. Will Ferrell pète les plombs avec aplomb. Zach Galifianakis, avec un jeu qui rappelle celui d'un Nathan Lane, se régale à créer un énième personnage de loser à l'allure de "gnome qui a chié un hobbit". Politiquement incorrecte, la comédie s'offre des séquences punchy (et pas seulement avec un bébé ou Uggie, la star canine de The Artist). Leur rivalité les pousse à des situations osées. Même s'ils n'ont pas besoin de l'autre pour faire des conneries (tout commence d'ailleurs avec un message sur un répondeur qui stupéfiera n'importe quel puritain). Ils auraient été parfaits en témoin du procès de L'Extravagant Mr. Deeds, en route, comme Mr. Smith, vers le Sénat (ici le Congrès).
Si la perversion du marketing et de la communication est déjà vue, celle des lobbies est bien plus intéressante. Ceux qui créent les emplois créent les électeurs et par conséquent les candidats, qu'ils financent. Cette vision corrompue de la démocratie, doublée des intérêts égoïstes des industriels, s'allient avec le populisme ambiant du scénario. Les deux font la paire, et à voir les électeurs, on comprend que la politique, au sens noble, n'est plus qu'un combat d'arènes où les fanatiques sont décérébrés. Ils sont aussi anti-communisstes qu'anti-islamistes, qu'anti-arc-en-ciel. Le summum arrive sur la fin avec les machines de vote électronique, construites par ceux là même qui achètent les candidats.
Si tout semble énorme, la comédie prend racine dans une réalité : la réindustrialisation, la concurrence chinoise, la place de la religion dans la société américaine, le syndrome NRA (National Rifle Association), le buzz médiatique supérieur aux idées... tout est authentique, même si c'est exagéré. Moi, député se révèle l'une des comédies les plus jouissives de ces derniers mois. Il ne serait d'ailleurs pas étonnant que la fiction précède la réalité. vincy
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