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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Confidences trop intimes
France / 2004
25.02.04
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TANT D'HAINE
"- Mon mari ne me touche plus. Bon, je préfère ça que d'être une femme battue."
Le cinéma de Patrice Leconte est romantique. La plupart de ses films font en effet prévaloir les sentiments sur la raison. Cela échoue parfois (le débandant Rue des Plaisirs). Ou, a contrario, il réussit son coup (La fille sur le pont). Habile cinéaste, sachant s'entourer des meilleurs pour appuyer son style, pour forcer l'esthétisme, il impose rapidement le ton. Ici, pas loin de Monsieur Hire, nous nous enfonçons dans le fauteuil en palpitant d'avance face à ce duel qui regarde de biais Fenêtre sur cour. Après tout, la musique est dramatique, et omniprésente (jusqu'à saturation et indigestion). Il va forcément se passer quelque chose. La lumière éclaire un "film noir" d'apparence . Même le scénario offre un "twist" qui nous permet d'envisager la plongée dans les bas fonds de l'angoisse. Tout se veut inquiétant. C'est à peine captivant. Et ce sera le principal reproche à faire à ce film bien écrit (mais revoyez L'Homme du train, c'est bien plus jouissif).
Pourquoi, donc, dramatiser ce jeu de rôles alors qu'il s'agirait presque d'une comédie douce amère? Ce déraillement montre à quel point le cinéaste n'a pas eu une vision claire de son film. Enfermé sans doute dans ses propres limites. En effet, ces confidences de barjos sont d'une pudeur désuète, et même peu réaliste, trop poétique pour nous envoyer en l'air. Pas de quoi fouetter une chatte. Rien de cru à se mettre sous la dent (et encore moins sous les yeux hormis un décolleté plongeant). Tous ces gens sont bien élevés, tout est bien étudié. Maestro des tandems de cinéma, il s'offre un duo d'agneaux à peine mordant.
Mais là, le film suscite notre intérêt. Derrière tout ce classicisme, il y a le matériau brut, le jeu des comédiens. S'il gâche, un à un, tous les seconds-rôles (on lui en voudrait presque d'avoir gaspillé le talent d'Anne Brochet), il nous régale avec Sandrine Bonnaire et Fabrice Luchini. La première est une embellie en soi. Elle étonne par ses nuances, ses changements de regard instantanés, passant de la dureté à la séduction en un clin d'oeil. Mais c'est Luchini qui retient l'attention. Cela faisait longtemps qu'il ne nous avait pas, à ce point, bluffé. Moins bavard, observateur, à l'écoute, il est en phase avec son personnage trop sérieux et enfantin. Il se permet un rock endiablé en solo, qui pour le coup, nous scotche.
Et il ne faut pas s'étonner si le film n'est pas celui auquel on s'attend. Le titre est trompeur. Les confessions d'Anna n'ont pas d'importance, tant elles sont superficielles et ne servent que de prétextes. Dans cette ambiance faussement Nothomb, où la dérision se mélange à la prise de conscience, c'est la transformation de William qui est au coeur du film. Tous ces mots, tous ces rituels lui permettront, via le divan, de couper le cordon. Vieux garçon joué avec précision. De quiproquos en ironie décalée, le film ne nous emporte hélas pas plus loin. Même la caméra semble hésiter entre un film posé, sage et une aventure plus nerveuse, un peu floue. A l'image de la photo d'Edouardo Serra. La bonne idée de départ s'enlise un peu dans des considérations vides de sens. C'est un film intérieur cuir. Beau au toucher, rien d'obscène, et franchement déconseillé pour du tout terrain.
Les effets sont un peu attendus, pour ne pas dire devinés. L'imaginaire se heurte vite à ses propres frontières. Intriguant certes. Mais ce montage à la Hache (c'est le nom de la chef monteuse) ne nous émeut jamais. La caméra nous montre trop ce que nous avons à voir. Le moment est agréable. Mais trop de freudien, jusqu'au Zippo transitionnel, achève le propos. Il ne faudrait pas parler pendant l'amour. Ces confidences, belles à entendre, sont trop artificielles à voir. L'intime est trop chaste. Point d'orgasme. Bref, on ne monte pas en haut, comme elle dit. Peut-être en demandait-on trop avec des personnages si prisonniers de leur passé. Réalisateur inclus. vincy
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