Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Savages


USA / 2012

26.09.2012
 



LE MONDE EST STONE





Dans Savages, adapté du célèbre livre de Don Winslow, l'action, les propos et les personnages reflètent toute la sauvagerie humaine, comme l'indique le titre. La sublime Salma Hayek, en boss de cartel, se régale en méchante effrayante. L'actrice confirme «le côté rebelle et libre mais il y a bien-sûr un côté moins attrayant dans ce mot, puisque ce mot désigne également le fait que l'on oublie la moralité, qu'il y a aucune limite. On a soif de faire ce que l'on veut et par là on peut détruire.»

Depuis Tom Cruise dans Né un 4 juillet jusqu'à Woody Harrelson dans Tueurs nés, Oliver Stone aime les marginaux, les hargneux, les déjantés et finalement dépeint des héros a priori méprisables, quand ils ne sont pas jugés sur leur apparence. Ce ne sont pas des «personnages de bande dessinée, bien au contraire » explique Hayek.
Résultat : si l'on doit retenir une chose de ce Savages, ce sont les performances d'acteurs comme Benicio Del Toro et John Travolta, en pleine forme, dégénérés, amoraux, limites inhumains.

Mais la grosse surprise du film est sans nulle doute la prestation de Blake Lively. Le réalisateur nous prévient : « il nous suffit d'écouter la voix off de O (alias Blake Lively) durant le film pour tout comprendre.» Flirtant avec Tarantino, Stone a transformé la poupée potiche vêtue en Chanel (quand elle ne collait pas Leonardo Dicaprio sur son bateau) en jeune fille libérale, un peu bohème et victime du trafic de ses deux petits copains. La blonde d'ailleurs n'hésite pas à jouer des scènes à faire pâlir l'Upper East side. Rien de bien méchant non plus. Stone n'est pas Tarantino. Si vous vous attendez à voir son corps de rêve dévêtu vous pouvez passer votre chemin. Pudique Oliver Stone? Le réalisateur s'avoue pourtant friand des
beaux corps dans ses films. «J'ai beaucoup de beaux hommes dans les films, pas que des femmes. Uniquement des femmes c'est plus pour Brian de Palma, j'aime les corps. Homme et femme.». Et pourtant Blake ne fait pas tomber le bas lors de ses ébats. Puritanisme? Pourtant, la sensualité est là et même omniprésente à travers elle. Lorsqu'elle embrasse son second amoureux dans le bain, la voir habillée dégage plus de sensualité que si on l'avait vu en tenue d'Eve sur une table de billard.

On connait Oliver Stone assez têtu. Lorsqu'il s'agit d'adapter un livre, il refuse de le suivre à la lettre. Si vous êtes fan du roman de Winslow, vous serez sans doute surpris par la fin qui se détache de la version littéraire. « Cela représentait davantage ce en quoi je crois» explique le cinéaste. Infidèle mais loyal. Reste que ce pur délire psychédélique est mis en scène de façon aussi épatante que vaine. Il suffit juste d'accepter le voyage pour être embarqué. Un voyage à la tension constante, jonglant entre plusieurs sujets à la fois (l'amour, la débauche, la drogue, les flics ripoux, les relations mères/filles, etc...). Oliver Stone a su mettre en haleine le spectateur du début à cette fin, littéralement inattendue. L'amour et la folie se conjuguent parfaitement bien avec le cannabis et le kidnapping. Savages est le cocktail explosif du moment. L'énergie impulsée est jouissive. Mais en voulant trop en dire, trop signifier, trop mélanger les thèmes, Stone oublie la subtilité, écrasée par les effets de la réalisation et le poids des acteurs.
 
cynthia

 
 
 
 

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