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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Elle s'appelle Ruby (Ruby Sparks)
USA / 2012
03.10.2012
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RUBIS SUR CANAPÉ
Film après film, la comédie romantique tend à prouver (plus ou moins brillamment) que deux êtres n’ayant en apparence rien en commun sont en réalité faits l’un pour l’autre. Avec leur nouveau film, Jonathan Dayton et Valerie Faris, les créateurs de Little Miss Sunshine, s’évertuent à démontrer le contraire : deux individus trop semblables ont peu de chance de rester ensemble. Dans cette nouvelle variation du mythe de Pygmalion (écrit par Zoe Kazan, qui interprète le personnage de Ruby), le personnage masculin façonne en effet sa petite amie selon ses propres goûts, souhaits et désirs. Or, plus il tente de la rendre "parfaite", plus il met en péril leur couple.
Le scénario exploite ensuite méticuleusement cette idée de départ loufoque en étudiant la manière dont le héros utilise son "pouvoir" pour gommer toute altérité chez Ruby et faire d'elle un double de lui-même, seulement heureuse avec lui, et privée de vie propre. Malicieusement, on voit que le personnage tente au départ de laisser son libre arbitre à la jeune femme. Il choisit de faire des concessions pour la garder. Mais, très vite, la tentation de la modeler à sa guise est la plus forte.
Sur ce plan, on pourrait reprocher au film de ne pas oser aller très loin (les "modifications" réalisées par Calvin sur sa compagne ne sont guère audacieuses) s'il ne finissait pas par entraîner le récit vers une tonalité plus sombre, presque tragique, où la créature se retrouve confrontée à la toute-puissance et à la cruauté de son créateur. L'espace d'une séquence violente et cynique, Elle s’appelle Ruby dépasse ainsi soudain le cadre de la comédie sentimentale pour s’engager sur un terrain à la fois plus profond et plus complexe, celui de l'emprise que l'on cherche à avoir sur les gens que l'on aime. La toute puissance du personnage principal évoque symboliquement le désir secret de nier l'identité propre de l'autre pour le fusionner avec nous-mêmes. Comme un individu hybride qui obéirait à nos fantasmes les plus fous. Mais dans la réalité comme dans le film, cette réification de l'être aimé conduit à l'effet inverse et rend les deux protagonistes aussi malheureux l'un que l'autre.
Avec une écriture fine et incisive qui fait la part belle à la dérision et à la légèreté (notamment dans l'utilisation des personnages secondaires qui aèrent l'intrigue principale), le film se révèle une fable douce-amère sur la recherche de l'âme sœur doublée d'une réflexion troublante sur l'alchimie mystérieuse qui conduit à une véritable histoire d'amour. Paul Dano est soigneusement ambivalent en amoureux transi prêt à tout pour garder la femme qu'il aime, quitte à devenir franchement inquiétant. Face à lui, Zoe Kazan casse le cliché de la femme idéale en apportant à Ruby un physique relativement atypique et un brin de folie qui la rend plus humaine que fantasmée.
Confirmant la bonne impression laissée par Little Miss Sunshine, Jonathan Dayton et Valerie Faris poursuivent donc leur travail de réinvention de la comédie américaine en alliant une vraie maîtrise cinématographique et scénaristique (à l’exception de l’épilogue, trop facile) et une observation fine de la nature humaine en général. C’est sûr, ce Ruby sparks (en VO) va faire des étincelles.
MpM
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