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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Diana Vreeland: The Eye Has To Travel
USA / 2012
03.10.2012
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DIEU S'HABILLE EN VALENTINO
"On voit tout, on ressent tout dans la mode."
Signé par un membre de la famille Vreeland (la femme du petit fils de Diana), Diana Vreeland : the eye has to travel fait plus dans l’hommage élégiaque que dans le portrait incisif. En effet, la réalisatrice a visiblement une énorme admiration pour son personnage, admiration qu’elle cherche à partager avec le spectateur, quitte à passer un peu vite sur ses "zones d’ombre" (ses méthodes de travail expéditives, son caractère tyrannique…).
Mais après tout, il y a tant de choses passionnantes à raconter sur celle qui fut surnommée "l’impératrice de la mode" et régna pendant plus de cinquante ans sur ce milieu qu’elle contribua à révolutionner ! On est surtout captivé par les images d’archives montrant Diane Vreeland elle-même, toujours en représentation, qui raconte ses souvenirs d’enfance dignes d’un conte des mille et une nuits moderne (comme le dit l’adage : "quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende"…) ou qui délivre des maximes définitives sur la mode et le monde en général. Truculence, humour et intelligence débridée sont alors au rendez-vous !
Les témoignages, eux, sont plus inégaux, mais parviennent malgré tout à dessiner le portrait multiple et fascinant de cette femme d’exception qui, par bien des aspects, rappelle une autre grande prêtresse de la mode : Anna Wintour, à qui elle a largement ouvert la voie. Car au-delà d’un destin hors du commun, ce qui frappe chez Diana Vreeland, c’est la manière dont son existence se mêle intimement à l’histoire du 20e siècle. La belle époque parisienne, les années folles de New York, les "swinging sixties" de Londres ont forgé son caractère, son style et son goût pour un esthétisme flamboyant et affirmé. De la même manière, elle a côtoyé et parfois révélé de grandes personnalités du siècle, à l’image de sa collaboration avec le photographe Richard Avedon et l’actrice Lauren Bacall (avant qu’elle ne perce au cinéma), de son engouement pour Yves Saint-Laurent ou Manolo Blahnik, ou encore de sa relation privilégiée avec Jackie Kennedy. Véritable visionnaire, elle a gommé les frontières entre les genres et les gens, mêlant rock’n roll et fourrure, cinéma et haute couture, peinture et prêt-à-porter...
Voilà sans doute pourquoi ce documentaire classique mais efficace s’avère au final universel et fascinant : sans même connaître Diana Vreeland, ni s’intéresser particulièrement à la mode, on se laisse captiver par la personnalité et la vie exemplaire de ce personnage "bigger than life", juste pour le plaisir de revisiter l’histoire du 20e siècle à travers le prisme de l’art, de l’esprit et de l’audace.
MpM
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