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MAISONS HANTÉES
Dans la maison est un de ses films maniérés et distants que François Ozon apprécie tant. Il y a tant d'application que sa minutie peut sembler glaciale. Sans atteindre la perversion ultime de Gouttes d'eau sur pierres brûlantes et en s'approchant davantage des films de James Ivory qu'avec son kitsch Angels, le cinéaste joue avec les codes pour mieux troubler le spectateur.
Le héros, tout droit sorti d'un roman d'homosexuel refoulé ou caché (au choix Mort à Venise ou Dorian Gray), avec sa candide blondeur et son prénom androgyne, n'est finalement que le double fantasmé du cinéaste, s'amusant à transformer son réel en illusions.
Même le nom du lycée, Flaubert, nous renvoie à un autre siècle. Mais Dans la maison est plus contemporain qu'il n'y paraît. La charge érotique (et narcissique), le caractère aguicheur du personnage adolescent, et la double lecture du titre du film (la maison du professeur, et celle que l'élève visite au gré de ses aventures) produisent un drôle d'effet au spectateur : la fascination, l'envie, l'admiration et le désir sont vite atténués par un aspect plus clinique, plus cartésien. Comme si Ozon ne souhaitait pas concrétiser son fantasme. Comme si l'imaginaire devait rester dans les eaux mouvantes de nos esprits.
Dans ce labyrinthe entre réel (une classe moyenne mortifère) et aspiration (une destinée sentimentale), le film ne sait s'il doit analyser les faits ou se laisser porter. Fiction Ordinaire ou film subliminal et suggestif.
Ozon préfère nous laisser avec nos interrogations. Ainsi on ne sait pas si le professeur (Luchini, un peu excessif, par rapport à son épouse, scott-Thomas, parfaite) est amoureux de son élève ou s'il lui sert de fils de substitution.Mais le réalisateur a de la ressource. En introduisant un virus bien vivant dans un corps en déclin, il nous interpelle sur la routine et l'existentialisme qui fuient aussi rapidement que le bonheur, nous condamnant à attendre la mort.
Ironique et cruel, intriguant et monstrueux, ce film noir réussit à nous toucher; sans doute parce que le réalisateur ne juge aucun de ces êtres responsables de leurs propres sorts et mis face à leur vérité par un ado, magnifique Ernst Umhaueur, dont on désire toucher la peau quand on sait qu'on ne peut qu'en caresser l'image. vincy
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