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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Headshot (Fon Tok Kuen Fah)
/ 2011
31.10.2012
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RENVERSÉ
Pen-ek Ratanaruang est l’un de ces cinéastes de Thaïlande dont les films sont toujours bien accueillis dans les festivals (Cannes, Berlin…) mais qui ont un succès malheureusement bien plus confidentiels lors de leur sortie en salles. On se souvient dernièrement de son désir érotique dans un hôtel avec Ploy en 2007, son film suivant Nymph est resté inédit. Cette fois Pen-ek Ratanaruang a choisi le polar après la lecture du roman "Rain falling up the sky" de Win Lyovarin : le héros va voir la pluie couler vers le ciel suite aux séquelles d’une balle reçue en pleine tête qui affectent sa vision. C’est l’histoire d’un bon flic qui devient un tueur à gage mais qui veut retrouver son intégrité…
Si le cinéma compte déjà quantité de tueurs confrontés à l’organisation qui leur désigne les cibles à abattre pour retrouver une bonne conscience, Headshot ajoute un supplément d’âme. Une séquence montre le héros ayant adopté l’apparence d’un moine bouddhiste avant d’exécuter un contrat, et cette scène est au tout début du film, mais bien après le début de l’histoire… Ce thriller n’est pas seulement un montage alterné entre présents et flashbacks, c’est véritablement une histoire qui se déroule sur plusieurs années, mélangées sous forme de puzzle.
L’originalité de Headshot réside dans ce moment où le héros a été blessé à la tête et voit tout de manière inversée : le sol au dessus du ciel, les gens avec la tête en bas. Pen-ek Ratanaruang aurait pu se laisser aller à la facilité d’abuser de cet artifice, mais il se retient. La vision désorientée du personnage est moins une souffrance physique qu’un trouble psychique qui l’amène à ré-évaluer le sens de sa vie. Son parcours était dicté par ses rencontres, dealers aux relations politiques corrompues et femmes de plaisirs aux motivations douteuses. Après avoir éprouver les notions de justice et d’injustice, ce flic devenu tueur à gage va, non pas se racheter une conduite, mais chercher le chemin de son karma.
Pen-ek Ratanaruang manipule les codes du film noir avec une narration qui s'offre plusieurs allers-retours temporels sur une période de sept ans. Il propose une construction audacieuse de son récit, un peu à l’image de Christopher Nolan avec Following ou The Prestige. Ici c’est le spectateur qui doit remettre les différents segments de l’histoire dans un ordre chronologique. Le principal repère pour s’orienter est l’apparence physique du héros, les cheveux longs ou rasé et une cicatrice sont des marques corporelles autant que temporelles.
Avec Headshot, le cinéaste propose une double profession de foi : une foi dans une force spirituelle pour son personnage et une foi dans un effort de la part des spectateurs. Ou comment à travers le chaos sur l’écran peut jaillir la lumière dans une salle obscure. Kristofy
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