|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Nuit #1
/ 2011
07.11.2012
|
|
|
|
|
|
UN HOMME ET UNE FEMME
"J'ai l'impression d'être une personne nuisible."
Condenser en une nuit toute la palette des relations amoureuses : pour son premier long métrage, la jeune cinéaste Anne Émond s’est fixé un but ambitieux, voire un peu prétentieux. Comme pour tous les projets d’envergure, cela se traduit à l’écran par un mélange de fougue et de maladresse qui souffre parfois de trop vouloir en dire, mais parvient à d’autres moments à sonner étonnement juste.
D'emblée, le film assume sa radicalité (et probablement son manque de moyens aussi) : huis clos que l’on cherche à "oxygéner" artificiellement, succession de longs monologues très écrits, caméra condamnée à une certaine fixité… Mais même si le dispositif ne tient pas la distance (trop statique), il se fait vite oublier au profit de l'histoire elle-même. Car passées les scènes d'expositions peu réussies (surtout la séquence sexuelle), les masques tombent, et la vraie nature des deux personnages apparaît. Sous leurs airs cool et fanfarons, Clara et Nikolaï sont hyper sensibles, ultra fragiles et surtout en pleine détresse. En parfait décalage avec une société qui les considère comme des inadaptés malsains.
Anne Émond filme avec compassion les confessions de ces êtres brisés par une existence qui leur échappe. Les passages sur la vacuité de la vie, l'absence totale de désir et la sensation que tout est absolument vain sont comme des fulgurances au milieu de propos plus conventionnels sur le couple ou les interactions sociales en général. Le film devient alors d'une intensité bouleversante. Peu importent les bonnes intentions, les clichés, les maladresses, on est en connexion directe avec le mal-être existentiel de ce couple si terriblement moderne. La justesse avec laquelle la réalisatrice est parvenue à capter cette réalité démontre qu'une excellente observatrice de la nature humaine se dissimule en elle. Un talent précieux lorsque l'on fait du cinéma, et qui donne désormais envie de la suivre.
MpM
|
|
|