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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Royal Affair (En kongelig affære)
Danemark / 2012
21.11.2012
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MAD MEN
A la fois passionnant historiquement et relativement plat cinématographiquement, Royal Affair, sans être académique, souffre un peu de sa langueur.
Le royaume pourri du Danemark se révèle cependant fascinant à contempler. Cet épisode de la royauté au XVIIIe siècle, ignoré de la plupart, compte suffisamment de tourments et de rebondissements pour mériter une transposition au cinéma. Nous voilà immergés dans un petit pays qui cherche sa voie politique, entre une monarchie absolue, despotique et religieuse, et une royauté éclairée, solidaire et débarrassée de son obscurantisme. La force indéniable du scénario repose sur cette oscillation où le Danemark bascule de l’un à l’autre, revient à son point de départ, avant d’arriver au point de non-retour : le règne du jeune Frédéric II, qui modernisera définitivement le pays. Il est presque regrettable que le réalisateur n’insiste pas plus sur les réformes entreprises, préférant les troubles romantiques qui déchiraient le couple royal et les complots au sein de la cour.
Car c’est bien les Tudors au Danemark auquel nous avons droit. Du sexe (infidèle), des coups d’état, la folie du pouvoir : tout y est. On peut y ajouter un peuple facilement manipulable, assez ingrat, la difficulté de gouverner (et parfois l’obligation de se renier), et l’impossibilité, parfois, de lutter contre les élites. Tout cela fait écho à notre époque contemporaine.
Dommage alors que le film s’attarde sur les troubles (psychologiques ou émotifs) des uns et des autres au lieu de leur préférer les transformations de la société. En s’enfermant dans le palais, le film rejette l’idée même de capter l’humeur du peuple, qui sera si injuste avec ses « bienfaiteurs ».
Tragédie sentimentale, Royal Affair devient alors un mélo, esthétiquement séduisant, dramatiquement assez banal, entre un Roi un peu dérangé (déjà vu), une Reine étrangère mal aimée (subtilement jouée par la grâcieuse Alicia Vikander) et un savant-philosophe en avance sur son époque (magnifique Mikkelsen). Cela ne suffit pas à produire l’émotion requise à ce genre. Mais cela permet au film, en mélangeant tous ces ingrédients, de ne pas verser dans le kitsch et le désuet.
Classique, Royal Affair demeure, cependant, un ravissement pour les yeux et un enrichissement pour notre Savoir. Côté cinéma, en revanche, cela manque sans doute d’ambition. Un comble pour une œuvre qui glorifie les Lumières.
vincy
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