Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Une nouvelle chance (Trouble with the Curve)


USA / 2012

21.11.2012
 



UN DERNIER TOUR





Oublions l’intervention quelque peu irréelle de Clint Eastwood contre Barack Obama lors de la dernière convention républicaine et saluons le retour de l’acteur devant la caméra quatre ans après sa formidable prestation dans Gran Torino (2008). Cette présence, qui est à savourer, est celle d’une icône Hollywoodienne qui n’avait plus été dirigée depuis Dans la ligne de Mire de Wolfgang Petersen (1993). On se dit, alors, que le film porte bien son titre. Comme un retour que l’on n'attendait plus. L’essentiel serait là. Et uniquement là.

Car pour le reste, aucune surprise. Ou presque. Le méli-mélo servi sent le réchauffé à mille lieues, malgré des thématiques très « eastwoodienne » sur le vieillissement, la promesse, la transmission ou l’éternel retour. Eastwood s’est donc laissé convaincre une dernière fois par son complice et ami Robert Lorenz (qui réalise son premier long), assistant-réalisateur du maître depuis Sur la route de Madison (1995). Nous comprenons assez vite que le baseball – thème au centre du film – sert de terrain de jeux unique pour filmer le vieux Clint bien au-delà de la prévisibilité d’un long-métrage gauche mais sincère dans la représentation iconique du personnage principal.

De fait, il vampirise à lui seul cette histoire de recruteur arpentant les routes américaines à la recherche de la perle rare, où des personnages inutiles se perdent (on pense notamment à Johnny interprété par un Justin Timberlake aussi fade qu’un rouleau de printemps) et les clichés s’amoncellent (du batteur blanc gras du bide et bas de plafond au lanceur portoricain méritant pétris de talent…). Que dire, alors, de la morale conclusive, sorte d’happy end niais, car de circonstance, voguant allègrement a contrario du mythe « eastwoodien » célébré même si filmé, il faut bien l’avouer, avec une certaine tendresse ? Qu’elle ne tient pas la route, pas une seconde, surtout devant la complexité, réelle faut-il le rappeler, du personnage/acteur que l’on redécouvre à l’écran. Il aurait fallu, sans doute, se raccrocher un peu plus à l’idée de départ, brillante au demeurant, d’un homme perdant la vue et se retrouvant dans l’obligation de livrer un dernier combat contre lui-même et l’usure du temps.

L’effet miroir est omniprésent. Comme une évidence. D’ailleurs comment s’empêcher de ne pas déceler un parallèle entre ce dernier rôle – en effet, reverra-t-on un jour Clint Eastwood dirigé par un autre – et ceux qui ont jalonné la carrière de l’acteur-réalisateur. Les références rejaillissent constamment autour de cette histoire de filiation entre un père qui perd la vue et une fille en manque d’affection et d’attention paternelle. Cette empreinte cinéphile aussi accidentelle que volontaire sauve le film de l’ennui – pourvu que l’on soit réceptif à l’œuvre et/ou à l’individu – même si l’académisme de sa réalisation nous fait penser par moments à la signature du réalisateur de Million Dollar Baby. Robert Lorenz filme donc l’icône du début à la fin. Avec l’humanité qui lui sied depuis quarante ans c’est-à-dire taciturne, bourrue, froide, torturée, rentrée, secrète. Si le film repose sur le mythe, sorte de légende vivante indissociable d’une industrie hollywoodienne qui lui doit beaucoup, nous restons admiratifs devant l’implication de cet octogénaire toujours aussi imprévisible.

Entourés de quelques acteurs solides (John Goodman, Amy Adams épatante d’énergie, Matthew Lillard) Une nouvelle chance serait le baroud d’honneur d’Eastwood l’acteur au même titre que l’aura été son Gran Torino comme réalisateur. Sauf qu’ici la révérence manque terriblement de classe. Dommage.
 
geoffroy

 
 
 
 

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