Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mauvaise fille


France / 2011

28.11.2012
 



FILLE AMERE





"Pourquoi ça tombe sur moi d’avoir un enfant ?"

C’est l’histoire d’un rendez-vous manqué. Une transmission qui ne se fera pas entre une fille et sa mère, dont on comprend que les relations ont toujours été complexes. Pas mauvaises, non, mais intenses et clairement anti-conventionnelles. Une histoire de famille esquissée en quelques flash-back et qui joue la carte de la mise en abyme, puisque Mauvaise fille est à l’origine un roman très "autofictionnel" écrit par Justine Lévy sur ses rapports avec sa propre mère, et adapté au cinéma par Patrick Mille, son compagnon.

Malgré ce contexte un peu lourd, sûrement intimidant, le réalisateur parvient à ne pas s’enliser dans son sujet et filme en creux, avec beaucoup de tact, une "rencontre" qui n’aura pas lieu. Pour cela, il accompagne son personnage principal dans les petits faits du quotidien, ce qui donne une impression de morcellement parfois un peu superficiel, mais ressemble malgré tout à la vie dans ce qu'elle peut avoir d’inconsistant et d’inégal. Ainsi, on est surpris par la manière dont le cinéaste est parvenu à s’approprier ce récit à la fois épars et intime pour en tirer une tragédie légère et pudique où la vie l’emporte sur la maladie et la mort.

Peut-être le basculement vers la comédie est-il toutefois trop facile, trop évident. Car à force de faire passer au second plan la dimension dramatique de son intrigue, le film se contente de survoler son sujet. Toute la force de la situation de départ semble alors diluée dans une succession de saynètes plus ou moins drôles et plus ou moins réussies. Cela tient un peu aux situations elles-mêmes, et beaucoup aux interprètes. Ainsi, Carole Bouquet, plus belle, libre et sauvage que jamais, illumine toutes les séquences où elle apparaît, et apporte une vraie profondeur au film par son ambivalence subtile. Bob Geldof est lui aussi savoureux en chanteur de rock papa poule. En revanche, la prestation d’Izia Higelin n’explique pas pourquoi Patrick Mille l’a préférée à une vraie comédienne, qui aurait peut-être donné un peu de relief à son personnage. Même chose pour Arnaud Dupont qui surjoue.

Et pourtant l’extrême sobriété avec laquelle Patrick Mille traite la dernière partie du film, le grand écart entre décès et naissance, emporte tout simplement le morceau : Mauvaise fille n’est pas l’œuvre la plus puissante ou la plus profonde que l’on ait vue sur la famille et le deuil, mais elle porte en elle une sincérité émotionnelle qui la rend joliment universelle.
 
MpM

 
 
 
 

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