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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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4h44 Dernier jour sur terre (4:44 Last Day on Earth)
USA / 2011
19.12.2012
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DECHEANCE
Le dernier film de Abel Ferrara revient de loin avant de sortir opportunément à la veille de la prédiction de la fin du monde le 21 décembre 2012 : on était sans nouvelle du film depuis sa présentation aux festivals de Venise et de Deauville en 2011. L’époque relègue aux souvenirs certains cinéastes dont les films les plus récents n’arrivent plus à sortir en salles, leurs dernières productions ne semblent plus dignes d’autant d’intérêt : c’est le cas de Abel Ferrara, et de quelques autres (comme Dario Argento).
Les derniers films de Abel Ferrara étaient tous restés invisibles en France (après avoir été présenté à Cannes ou Venise) : Chelsea Hotel (2008) et Napoli, Napoli, Napoli (2009) restent encore inédits, Go Go Tales (2007) est enfin sorti dans quelques salles en février 2012 et voila enfin maintenant 4h44 dernier jour sur Terre (2011).
Abel Ferrara nous fait observer un couple dans un appartement de New-York, lui (Willem Daffoe) est un acteur qui doute et elle (Shanyn Leigh) une artiste peintre résignée. La grande question est donc : de quelle manière vivre ces dernières heures avant la fin du monde prévue ? Les personnages ne semblent guère y avoir vraiment réfléchi auparavant. Lui est agité entre la volonté de dire à ses proches qu’il les aime par écran interposé et la tentation d’une drogue pour éviter de trop s’apitoyer sur son sort, ; elle fait abstraction de cette fin en se plongeant dans sa peinture pour relativiser avec une philosophie bouddhiste cette mort promise.
Le réalisateur tourne presque en rond sur lui-même dans un huis-clos avec ses deux acteurs. La fin du monde est annoncée avec un brouhaha d’images et de sons (le changement climatique, des rassemblements religieux…) venant de plusieurs appareils (télévision, ordinateur avec webcam sur internet…) qui culpabilisent l’Humanité d’être coupable de sa destruction. La seule véritable échappée de l’appartement durera le temps d’une sortie de Willem Daffoe chez un groupe d’amis lors de leur ultime dîner. Cette longue séquence qui se voulait être un aparté est paradoxalement la plus intéressante. Après plusieurs atermoiements qui formeront presque un bilan et le couple sera enfin prêt à faire face à cette fin du monde.
On retrouve dans 4h44 dernier jour sur Terre des maladresses irritantes et aussi des moments de grâce, Abel Ferrara reste plus que jamais un cinéaste qui filme avec son instinct, même quand il s'agit de son autoportrait. Car ce film résonne presque comme une envie de se filmer en filigrane (l’actrice Shanyn Leigh est devenue sa compagne et Willem Daffoe représente son alter-ego depuis déjà plusieurs films).
Le faste des années 90 est désormais très loin : King of New York, Bad Lieutenant, Body Snatchers, The Addiction, Nos Funérailles, The Blackout, New Rose Hotel... Depuis Abel Ferrara survit cinématographiquement avec des films mineurs, guidés par un vague canevas d’idées plus qu’un solide scénario. Plutôt que de le voir dévier en roue libre, on préfère de loin Abel Ferrara en électron libre. Lors d'une rare fulgurance, on retiendra de 4h44 dernier jour sur Terre cette philosophie réjouissante : « Tu apprends à porter ton poids et tu travailles à t’améliorer. » kristofy
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