Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 23

 
Le monde de Charlie (The Perks of Being a Wallflower)


USA / 2012

02.01.2013
 



LA VIE À L’ENVERS





«- Si vous me saquez, vous m’avez au 2e trimestre. »

Surdoués ou matures, névrosés ou autistes, décalés ou dépressifs, les ados ne sont finalement intéressants au cinéma que lorsqu’ils sont hors normes. Charlie et sa bande ne font pas exception. C’est leur singularité qui séduit et nous rappelle que l’adolescence se vit différemment selon les personnalités. Tout le monde n’est pas fait pour être joueur de football américain, pom-pom girl ou être le pote idéal de chacun.
Le monde de Charlie, c’est un agrégat de jeunes marginalisés par des goûts différents, des désirs mieux assumés, des envies de liberté, une conscience accrue de l’instant présent. C’est la solitude qui les rassemble, les traumas qui les hantent. Avec finesse et une sensibilité empathique, le réalisateur Stephen Chbosky, par ailleurs écrivain du roman ici transposé, nous plonge dans ces années 80, pas très loin des Ferris Bueller et autres teen-comédies du regretté John Hughes. Les héros y sont les bizarres, même si ce qu’ils vivent est tout à fait banal. L’intérêt porté à cette histoire ne provient pas forcément d’une mise en scène somme toute assez lisse, même si le découpage des séquences est savamment agencé, surtout lorsqu’il s’agit de Charlie. Il manque sans doute un peu d’audace au niveau narratif et cinématographique pour nous emballer complètement. Mais le charme est là, indéniable.

Les trois acteurs principaux et les seconds rôles y sont pour beaucoup. Logan Lerman (qu’on voyait plutôt en Percy Jackson jusque là) est un choix judicieux tant il déploie une palette de nuances qui enrichissent son personnage et nous fait croire à l’horreur et la beauté de son récit. On savait déjà qu’Ezra Miller était l'un des comédiens les plus doués quand il s’agit de jouer les jeunes hommes un brin barré ou dérangé. Emma Watson (ex Hermione dans Harry Potter) casse un peu plus son image avec délectation pour composer une fille qui sait habilement sait travestir son manque de confiance en soi. Le trio est étincelant, rafraîchissant.

Derrière cette chronique des années lycées, Chbosky en profite pour égratigner le conformisme américain et louanger les asociaux, homos, artistes, intellos, timides et autres mélancoliques… Ces « martyrs » victimes de la bêtise et de l’ignorance de la masse. Le mot camarade n’a dans ce cas aucun sens. Cette bataille ancestrale entre les deux camps passe par des rituels : bizutage, humiliation, mise à l’écart… Pas de place pour les bobos à l’âme. Il faut être transparent et cool. Ou accepter d’être chez les « déglingués ». Et il faut tout un courage pour s’élancer sur une piste de danse ou vouloir faire partie d’un club de lycéens qui se comportent comme des adultes et se considèrent comme « tarés ». Mais dans tous les cas, il ne faut pas « être un loser ». Ce dogme américain casse plus d’un gamin.

Mais le ton est joyeux, onirique, lumineux parfois, vivifiant dans tous les cas, et bien entendu aussi désenchanté que touchant. A fleur de peau. Depuis les années 80, en plus, rien n’a vraiment changé, ce qui confère à cette comédie dramatique un aspect presque atemporel. Les complexes et la complexité des adolescents ne change pas au fil des ans. Evidemment, le cinéaste-écrivain rajoute deux épisodes presque tragiques pour nous maintenir en haleine quand l’année scolaire fait du sur-place. A cela s’ajoute un faux-pas confondant de sincérité, et le rythme est trouvé, agréable à suivre. La violence est sous-jacente, enfouie derrière un apparent sentiment d’immortalité, se cachant sous le masque d’une jeunesse radieuse, ou les coups sont finalement moins blessants que les mots, où l’exclusion peut conduire à la folie quand on veut être accepté par (tout) le monde.
 
vincy

 
 
 
 

haut