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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le roi du Curling (Kong Curling)
Norvège / 2011
02.01.2013
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SPORT DE FOUS
«- Au millimètre près...»
Le Roi du Curling est un premier long métrage de facture classique d’Ole Endresen. Cette comédie norvégienne fonctionne d’autant mieux qu’elle est dotée de cet humour scandinave, pince-sans-rire, un peu jaune ; mais surtout qelle parvient à rendre le Curling aussi captivant que n’importe quel sport déjà filmé au cinéma. On peut ajouter la bande originale du film vous fera découvrir le rock norvégien. La fantaisie est légère et s’amuse de ses propres clichés.
Cependant, le plus frappant reste l’esthétique du film. Comme souvent chez les nordiques, l’apparence ne sert qu’à cacher les pensées profondes. L’image est travaillée : par une multitude de couleurs, caractérisant bien des espaces et des univers différents ; par les décors qui sont bien réfléchis et où les détails ont leurs importances ; par des plans et des mouvements de caméras particuliers. Par exemple, diverses contre-plongées bouleversent le regard du spectateur ; ou encore un intérieur entièrement rose qui nous prouve bien que la vie n’est pas de cette couleur.
On sent que Ole Endresen (réalisateur et co-scénariste) et Atle Antonsen (interprète principal et co-scénariste) ont voulu créer une comédie sociale des plus déjantées. Les personnages et les situations assument leurs délires, interprétés par des acteurs idoines s’éclatant à être détraqués et ratés. Cette bande de beauf, adeptes du moule-bite, devient immédiatement sympathique. Ici les femmes n’ont rien de top modèles scandinaves. Et le Curling se mue en sport de névrosés et psychopathes. Personnages finalement tous plus ridicules les uns que les autres, mais de ce ridicule humain qui ne tue personne, sauf l’ego. La meilleure séquence, dans ce style, revient à cette pauvre épouse, pas très honnête, tentant de reconquérir son mari, « le Maître du Millimètre » en nous offrant une scène de « strip tease » et de « pole dance » mémorable, et embarrassante pour elle.
Une direction artistique soignée, des comédiens parfaits campant des personnages singuliers. Et le terrain de glace du curling théâtre de scènes burlesques, tragiques ou dramatiques. Marcher sur de la glace avec des talons aiguilles n’est pas une chose évidente mais jouer au curling n’est pas si facile. Le réalisateur réussit à créer une tension quand il s'agit de stratégies et de compétition sportive. Le suspense est palpable tellement on se prend au jeu… Le final est d’autant plus appréciable que nous n’avons pas été gavés de curling durant une grande partie du film. La finale en plusieurs temps, aussi invraisemblable que loufoque, a le timing parfait pour ne pas nous ennuyer. Et nous réserve ainsi un coup impossible, digne d’un grand coup de billard, qui rendrait ce sport aussi fascinant qu’une finale Federer/Nadal.
Cependant, on aurait aimé que cette comédie sur des désaxés ose elle-même sortir des rails traditionnels de la comédie actuelle. Certes, il y a quelques séquences qui rappellent l’humour des ZAZ ou des Nuls. Mais quel paradoxe de filmer la folie ordinaire comme une comédie humaine banale, rendant l’œuvre assez similaire à de nombreux scénarios européens contemporains. D’autant que Le Roi du Curling pouvait aisément prendre d’autres voies, glisser sur d’autres pistes à partir de cette simple histoire d’un groupe qui ne peut pas vivre autrement qu’ensemble, où la solidarité l’emporte sur l’individualisme. Cependant, cet éloge du désordre, où ils sont tous bons pour le psy ou l’asile (y compris la psy), reste plus que plaisant, et même bien plus drôle que de nombreuses comédies françaises non inspirées.
antoine
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