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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Yossi (Ha-Sippur Shel Yossi)
Israël / 2012
02.01.2013
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LE CŒUR A SES ÉPINES
On connaît Yossi depuis le viril et sensible Yossi & Jagger (2005). Eytan Fox a choisi de continuer l’exploration de la vie de Yossi, comme s’il s’agissait de son double cinématographique, 10 ans plus tard. Il est toujours question d’homosexualité, d’armée, et d’amour. On passe des questionnements au Golan, au nord, à un voyage initiatique, vers le sud.
L’acteur principal Ohad Knoller a conservé un jeu envoutant et rend son personnage aussi réel que touchant. Il faut dire qu’il n’est pas très bien dans sa tête, dans son corps, un peu rond, dans sa vie sociale, dans son travail (une erreur médicale qui le hante et une collègue aveugle qui le drague intempestivement. Cardiologue, il soigne le cœur des gens mais n’arrive pas à soigner le sien depuis la mort de son « ami » à l’armée. La mort est toujours proche, il cherche à l’éloigner en sauvant des vies, à défaut de s’occuper de la sienne.
Aux ordres, il est d’office mis en vacances. Commence alors un périple imprévisible. Et presque onirique : on pourrait croire que certains passages du film sont des rêves tant les situations sont belles. Tout le problème de Fox est d’avoir voulu sortir du réel, de cet aspect documentaire qui faisait l’une des forces du premier film. L’épilogue, ici, est par ailleurs trop niais, donnant l’impression d’être dans un conte de fée : « Ils vécurent heureux à jamais ». On attend les enfants…
Toutefois Eytan Fox nous livre une belle histoire d’un amour homosexuel, véritable tabou en son pays. Universel, l’amour est ici un droit que personne n’a le droit de confisquer. Malgré la beauté du prince charmant, le cinéaste israélien réussit à détourner la vision cliché de la communauté gay dans le monde et en Israël (souvent composée de beaux corps musclés et bronzés). Ohad Knoller est très émouvant lors d’une scène dans la chambre d’hôtel, où il doit accepter de se montrer nu à la lumière devant le jeune petit soldat avec qui il flirte depuis le début. La pudeur, la retenue, la peur qu’il éprouve sont saisies avec justesse.
Et puis il y a cette mélancolie. Elle est accentuée par la bande originale du film, portée essentiellement par Keren Ann qui est un plaisir pour les oreilles mais aussi pour les yeux puisqu’elle fait une apparition pendant le film où elle donne un concert, reprenant des chants israéliens. Cependant, Fox en abuse et le charme s’évapore : trop de Keren Ann (on l’entend pour illustrer une scène, dans la musique d’un bar, au concert, à la TV) nuit à la santé du film.
Reste l’histoire de cette échappée divertissante et émouvante. En dix ans, Yossi comprend doucement que ce qu’il a connu dans l’armée a changé. Que le passé n’est pas figé. Le monde a évolué, mais sans Yossi qui a raté le wagon, et doit se confronter à ces jeunes soldats qui vont lui faire voir ce qu’est le monde aujourd’hui. C’est peut-être là que le film commencerait à être intéressant. Dans ce décalage entre les homos d’avant, ceux qui devaient se cacher, "les invisibles", et ceux d’aujourd’hui, qui s’affranchissent des règles édictées par les moralistes et vivent pleinement leur hédonisme. Le film est aussi bancal et maladroit, naïf et simpliste que son prédécesseur. Il reste que ce regard sur Israël est suffisamment rare et singulier pour que la curiosité de le partager l’emporte sur les failles d’un cinéma qui ne s’adresse pas juste à une communauté.
antoine
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