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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Foxfire, confessions d'un gang de filles
France / 2012
02.01.2013
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HORS LES MURS
"D'abord vient la peur. Puis le respect."
Après le succès international d'Entre les murs, Laurent Cantet revient avec un film qui prolonge son étude du monde adolescent et notamment de la vie de groupe. Perfectionnant le dispositif de tournage à deux caméras imaginé sur son précédent opus (permettant de filmer chaque scène en intégralité sans recourir au champ contre champ), il adapte un roman de Joyce Carol Oates situé dans les États-Unis des années 50 et s'intéressant au phénomène des gangs par le biais d'une bande d'adolescentes livrées à elles-mêmes.
Sans être une reconstitution minutieuse des 50's, Foxfire en capte le climat de violence symbolique à l'égard des femmes, et notamment des jeunes filles, considérées comme des proies naturelles. Ainsi, les jeunes héroïnes du film s'organisent d'abord pour se défendre, avant de fantasmer une utopie de vie collective qui les rende parfaitement maîtres de leur existence.
C'est le glissement de ce statut de "justicières" à celui de "délinquantes" qu'observe Laurent Cantet. Il décortique à distance, sans les juger, le cheminement de ces apprenties révolutionnaires qui passent par toutes les phases de l'utopie collective : enthousiasme et solidarité, confrontation au principe de réalité, obsession des règles, radicalisation et dissensions, jusqu'à l'orthodoxie, les séances d'autocritique et même les purges. Le cinéaste ausculte ainsi sans chercher à l'expliquer l'échec programmé d'une expérience qui rappelle les grands fantasmes politiques du 20e siècle. Le "spectre" du vieux militant dont on ne sait trop s’il est un personnage réel ou juste un songe, est d’ailleurs là pour apporter un vernis politisé et théorique au combat avant tout intuitif des jeunes filles.
Sur le fond, cela fonctionne. Mais le grand problème de Foxfire reste sa mise en scène effrénée qui multiplie les scènes courtes et les gros plans, filmés caméra à l'épaule, comme si le cadreur était pris d'une incontrôlable frénésie, simulant un personnage épileptique qui ne sait plus où donner de la tête. Pris de vertige, le spectateur a bien du mal à s'intéresser à une intrigue assez flottante, prétexte à des effets de caméra ostentatoires et illisibles. Cela donne la sensation d'un film trop long, ultra-démonstratif, qui reste si extérieur à l'action qu'il génère au final plus d'ennui et de frustration que de plaisir. MpM
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