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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Heist (Braquages)
USA / 2001
23.01.02
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LE FIL D'ARIANE
"Personne n'est éternel.
- Frank Sinatra a bien essayé..."
Braquages constitue une nouvelle entrée dans le labyrinthe propre à David Mamet. Une fois de plus son scénario évoque cette figure apparemment chère à l'auteur /réalisateur, et il est difficile de ne pas l'imaginer penché au-dessus de ce labyrinthe, amusé de voir le spectateur se perdre dans le dédale qu'il a mis en place. Au centre de ce labyrinthe, on retrouve les questions que l'on pouvait déjà voir à l'œuvre dans La Prisonnière Espagnole : la fidélité et la trahison, l'innocence et la perversité, la vérité et l'apparence.
L'égarement est constant, et le spectateur placé dans une position identique aux personnages : sans cesse floué, trompé sur les intentions véritables de celui qui lui fait face. Mamet s'amuse véritablement à jouer avec le spectateur et ses personnages : chaque fois que l'on pense avoir trouvé le fil d'Ariane, une nouvelle surprise nous ramène dans un couloir du labyrinthe. Mamet s'amuse même à mettre en abîme le principe de son scénario : lors du premier cambriolage, Joe suit le fil (le cable) des caméras de surveillance, dans l'espoir de s'emparer des enregistrements ; mais en suivant ce cable, il tombe nez à nez avec une autre caméra surveillance. Un autre exemple de cette mise en abîme peut se lire dans le " fil du détonateur " : de même que le spectateur ne sait jamais où le mènent les " fils " de l'intrigue, on ne sait jusqu'où court un fil montré à plusieurs reprises, caché dans de l'herbe et relié à un détonateur. Et c'est avec surprise que l'on voit soudain un baraquement exploser, non loin de la piste d'un aéroport. Volontairement égaré, le spectateur est piégé : la figure de la toile d'araignée, que l'on peut voir à l'œuvre dans les filets de pêche tendus autour de Joe lors d'une scène, vaut autant pour les personnages que pour le spectateur.
La maîtrise de l'architecte.
Pour tendre un piège, pour égarer, il faut être capable de tout maîtriser. Le personnage de Joe Moore, remarquablement interprété par Gene Hackman, semble élever le cambriolage et l'arnaque au rang d'art majeur : chaque coup est calculé, maîtrisé jusque dans chaque détail : "je ne me risquerais pas à nouer mes lacets sans avoir étudié toutes les alternatives" dit Joe. C'est dans la manière dont sont réalisés et filmés les cambriolages que l'on saisit tout ce travail préalable de préparation et de prévision. Mamet filme les gestes des cambrioleurs au plus près, caméra à l'épaule, et le montage est très nerveux : on voit des gestes vraisemblablement répétés, des gangsters sûrs d'eux, minutieux et rapides. Une des astuces du scénario est de confronter Joe à la nécessité de l'improvisation : les trahisons qui s'enchaînent l'obligent semble-t-il à changer ses plans. Cette tension entre le désir de tout prévoir, maîtriser, et la nécessité d'improviser révèle toutes les qualités de Joe : le personnage sort remarquablement son épingle du jeu au point que l'on se demande s'il n'avait pas d'emblée envisagé toutes les trahisons qu'il subit. Là encore, il est difficile de ne pas voir dans le personnage une représentation du réalisateur lui-même : Joe semble avoir tiré les ficelles, prévu l'imprévisible, et son sourire malin, à la fin du film, pourrait être celui de l'auteur.
Au final, cet aspect malin semble principalement caractériser le film : son scénario est très bien ficelé, et la réalisation est aussi efficace que l'interprétation. Reste que le recours constant au principe de la surprise (ici des surprises à répétition) devrait faire perdre beaucoup à la deuxième vision : c'est un film de divertissement, un remarquable, mais simple divertissement. benjamin
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