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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Gangster Squad
USA / 2012
06.02.2013
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L.A. SUPERFICIAL
« - Tu ne peux pas me tuer, tu es un flic.
- Plus maintenant.»
A ceux qui connaissent les polars de l’âge d’or hollywoodien (Warner Bros en sort une pléthore en format vidéo ces mois-ci) ou encore Les Incorruptibles de Brian de Palma ou L.A. Confidential de Curtis Hanson, Gangster Squad paraîtra bien potache. Après la tentative glacée de Michael Mann (Public Ennemies) ou l’essai peu convaincant de John Hillcoat (Des hommes sans loi), Hollywood aborde une fois de plus le crime et la corruption en « costumes ». Mais, inutile de s’éterniser, Gangster Squad ressemble davantage à un produit pour avaler du pop corn qu’à un film qui restera dans les mémoires.
Ce Los Angeles de l’après guerre souffre de multiples défauts : une mise en scène insipide, des acteurs sous exploités (quand ils ne sont pas à côté de la plaque), un scénario basique et sans consistance. Dans le même genre, mieux vaut revoir Qui veut la peau de Roger Rabbit, auquel le film, involontairement ?, fait de nombreux clins d’œil, sans atteindre son niveau.
Certes, l’image est belle, la lumière sophistiquée, la direction artistique peu critiquable, et les costumes élégants. Peut-être un peu trop pour dépeindre une métropole où la dépravation, la prostitution et les crimes violents sont au coin de la rue. Le divertissement veut montrer un monde impitoyable et l’illustre avec une esthétique glamour. Contradiction entre la forme et le fond.
Le problème de Gangster Squad s’aggrave avec les personnages : des stéréotypes sans relief, où la psychologie ne tient qu’à un trauma mal évacué (retour de la guerre, ambition et cupidité d’un gamin des rues…). Les acteurs, qu’on sait excellents par ailleurs, n’ont qu’un mode binaire à interpréter : Broling en dur à cuire, Gosling en agneau (à la voix doucereuse insupportable) qui cache le loup (lubrique) au grand coeur en lui, Stone en femme fatale (forcément avec une robe rouge)… et n’oublions pas Sean Penn, qui offre la pire prestation de sa carrière, avec son cabotinage à la De Niro (auquel il fait un peu trop référence) qui anéantit toute les horreurs dont il est responsable. Leur jeu semble formaté pour une parodie tant ils caricaturent les films d’antan. Jamais on ne parvient à les prendre au sérieux.
Les dialogues sont à l’avenant (« J’ai connu des équipes zélées mais je préfère cette bande de fêlés »), entre humour de série TV, clichés sur le racisme, moralisme à la John Wayne, philosophie de pacotille, pactes adolescents entre adultes virils… Des gamins qui jouent aux cowboys ou plutôt qui se rêvent en Elliot Ness. La violence est bien entendue filmée de manière plus contemporaine. Mais le spectateur ne sursaute jamais, prévoit tout à l’avance. Et que dire de l’assaut final qui paraît bien faible comparé à des séquences équivalentes dans d’autres blockbusters (au hasard Matrix, Mr & Mrs Smith, …) ? Sans omettre cette mort à la Cotillard pour le personnage de Robert Patrick. On en rigole encore.
Ça se voulait saignant. Mordant. Malin. C’est finalement aussi peu palpitant qu’un combat de boxe entre sportifs proches de la retraite. C’est chic, à peine choc. Superficiel et parfois divertissant. On est sans doute trop vieux pour ces conneries.
vincy
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