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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Sessions
USA / 2012
06.03.2013
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THE 40 YEAR OLD VIRGIN
"Votre problème c'est d'être vierge, et de ne pas pouvoir vous masturber."
On pouvait tout craindre d’un tel sujet : un homme paralysé par sa polio depuis son plus jeune âge, profondément catholique, a envie de baiser et s’offre les services d’une thérapeute sexuelle.
The Sessions a préféré se concentrer sur le cerveau vif de son personnage principal, s’inspirant de son esprit et de son humour cinglant, plutôt que de s’apitoyer sur le sort d’un corps inerte et dépendant de machines ou d’aides médicaux.
En optant pour la comédie sensible plutôt que le drame à thèse, le film brise toutes les barrières et les préjugés que l’on peut avoir sur le handicap. Le style est incisif. Et en convoquant Dieu (et ses contradictions entre l’idéal et le réel), la sexualité (de manière crue et presque clinique) et la maladie, The Sessions fait émerger une dialectique, pas toute à fait aboutie, sur la nature de l’Homme, piégé par ses désirs et enfermé dans ses croyances.
Voilà un homme qui a des éjaculations spontanées dès qu’on le touche, qui ne peut pas se masturber, et qui aspire à explorer la sexualité. Tout amour lui semble impossible. Un prêtre, assez peu conventionnel, presque blasé, lui sert d’exutoire pour confesser ses troubles, angoisses, secrets, fantasmes… Les aides-soignantes défilent : autant de jeunes femmes désirables et intouchables. Celle qui reste, sorte de Jacqueline Bisset coincée dans Le Magnifique, très intello, jouera les complices. Miroir impassible et femme compatissante devant le choix de son client : s’offrir une assistante sexuelle pour se faire dépuceler.
C’est là que The Sessions prend du relief. Le film s’interroge dans un premier temps sur ce genre de « service » assez spécial. Sans doute, la question est réglée trop rapidement. Surtout, le réalisateur ne cherche pas d’autres points de vue que ceux du client, de la thérapeute et du prêtre. Par conséquent, le spectateur devra accepter la situation telle qu’elle est, ignorant le débat : certains considèrent en effet ce type de services comme de la prostitution encadrée. Hors, le métier exercé par Hunt est filmé comme s’il s’agissait d’une réelle expertise médicale. Et l’accord du prêtre, davantage mis à l’épreuve par l’idée d’avoir des rapports sexuels hors mariage (un peu absurde), évacue la polémique. Ce parti-pris (qui est accentué par la critique sur la fermeture du centre Sexualité et Handicap) empêche le film de prendre une dimension plus sociétale. Préférant le sentimental.
The Sessions glisse en effet dans une relation à huis-clos entre l’homme et la femme. Kamasutra détaillé, actes maladroits (d’un côté comme de l’autre) : c’est un job. Ce sera aussi une véritable liaison affectueuse. John Hawkes (excellent) et Helen Hunt (femme libérée attachante) se mettent à nu, sans pudeur, et avec justesse. Le plaisir n’étant pas donné à tout le monde, comme le bonheur, le « couple » (maman/enfant, pute/client, maîtresse/amant), la honte, la souffrance, la culpabilité peuvent l’emporter et freiner l’extase, voire la bloquer. Le jeu des corps est subtil et la tension est vite désamorcée par une bonne réplique ou une situation farfelue. Le sexe devient technique mais le film reste ironique. On peut étouffer avec un cunnilingus. Et l’orgasme simultané n’est pas donné à tout le monde.
Peu importe les blasphèmes, le jugement des uns et l’incompréhension des autres : le sexe pousse chacun hors de ses retranchements. Les distances s’effacent. Le spectateur ne voit d’ailleurs plus le handicap. Le corps à corps devient cœur à cœur, avec poèmes et sourires. Sa thérapeute devient sa Madone et lui se voit en Christ attaché à sa croix, cloué sur son lit. Les voies impénétrables de sexualité se sont ouvertes à lui comme la Mer Rouge s’est divisée en deux pour que le peuple élu atteigne la terre promise. L’Eden et ses pêchés.
Entre émotion et rire, le spectateur se laisse aller à une empathie naturelle. De toutes les bonnes actions vantées par The Sessions, l’humanité qui s’en dégage est la plus belle.
vincy
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