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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jappeloup
France / 2013
13.03.2013
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ON ACHÈVE BIEN LES RÊVES
« T’arrêtes pas Jap’, je t’en supplie ne t’arrêtes pas.»
Epique et hippique!
On peut dès lors s’interroger si le Jappeloup de Christian Duguay est destiné exclusivement aux passionnés d’hippisme ou s’il s’avère suffisamment ouvert pour plaire aussi ceux qui y sont plus extérieurs voire hermétique. On peut le dire sans attendre : c’est un grand film populaire empli d’énergie communicative et d’humanité. Le parti pris est donc sans nul doute celui de l’authenticité.
Jappeloup est en effet un nom duquel on se souvient dans le monde de l’équitation. Ce petit cheval noir, quelque peu rétif aux premiers abords, et dont on doute fortement de ses capacités. Celui-là même qui devient pourtant l’unique préoccupation de Pierre Durand qui décide, avec l’appui de ses proches, de s’y consacrer tout entier et de renoncer pour cela à sa carrière juridique. Ce film représente donc une manière pour Guillaume de concilier premier amour avec sa destinée d’acteur. Et ce concentré de passion explose d’évidence pour le spectateur qui vibre devant ce touchant biopic équestre, aux allures de Seabiscuit à la française. Une réussite absolue et une déclaration d’amour à un sport qui souffre souvent de préjugés quant à son prétendu snobisme.
A corps gagnants.
On sent clairement la proximité entre l’acteur et le cheval à l’image, ce qu'on avait déjà perçu dans Ne le dis à personne. A tel point qu’on n’a aucun mal à imaginer le couple mythique de la fin des années 80 si bien que Jappeloup et Pierre étaient à l’époque surnommés "le centaure" (animal mythique mi-homme mi-cheval). Il n’y a de cesse au cours du film d’avoir le plaisir de retrouver à l’écran cette adéquation. Et l’on ne s’en étonne d’ailleurs nullement lorsque l’on sait que faire une carrière hippique était le premier grand rêve de Guillaume Canet qui a vu son ambition compromise par un accident. On sent nettement ici cette passion originelle tant par les choix de mises en scène qui donnent à voir l’image que par son jeu. Guillaume souligne d’ailleurs à plusieurs reprises ses nombreux points communs de parcours avec Pierre Durand, à tel point que le film, s’il reste un biopic, renforce son intérêt par cette dimension qui donne presque à voir cet écho puissant entre deux histoires.
La caméra de Christian Duguay fait ainsi corps avec le couple cavalier/cheval et on peut sentir à la fois toute cette proximité et la tension des deux compétiteurs à l’approche des obstacles sur le parcours des jeux olympiques de Séoul de 1988. D’autant plus que le tournage a ravivé la passion de Guillaume Canet, qui s’est depuis remis en selle sérieusement en participant à des concours.
Passion et virtuosité.
Au travers des plans qui alternent compétition, entraînement, vie quotidienne et sentimentale des protagonistes, des liens se tissent et on se sent gagné en même temps par la fièvre des concours et l’excitation qui animent cette petite communauté soudée que constitue la famille Durand et leur entourage.
Toute cette ambiance singulière et propre au milieu hippique est parfaitement retranscrite à l’écran aux travers des différentes épreuves de sauts d’obstacles qui nous sont montrés, la tension du spectateur va crescendo.
Il faut aussi souligner la dimension virtuose présente dans le film - sans jamais le rendre inaccessible pour autant : il y a une grande fidélité au monde professionnel de l’hippisme. La reconstitution des parcours de CSO est impeccable et la réalisation de Christian Dugay sur les performances de Jappeloup apparaîsent toujours très réalistes et démontre un œil expert sur chaque module et distance choisie lors des différents concours qui donne à voir l’évolution de Pierre. L’ambiance de la préparation et de l’entraînement des cavaliers propre à ce monde de la compétition équestre transpire également d’authenticité jusque dans les moindre petits détails, ce que les cavaliers apprécieront particulièrement.
Les rôles des entraîneurs et concurrents sont aussi parfaitement documentés et le film donne même à voir les querelles olympiques relevant quasiment du privé ; notamment celle avec Marcel Rozier qui fût l’entraîneur de l’équipe de France avant que Patrick Caron prenne la relève à la demande générale d’une démission du premier aux méthodes trop brutes.
Une histoire d’amour à multiples facettes.
Thème récurrent dans tous les films de Guillaume Canet, celui-ci n’en déroge pas. Car il ne faut pas s’y tromper : c’est bien le thème de l’amour, et non celui de la compétition, qui domine cette oeuvre très complète. Et cet amour prend d'ailleurs des formes multiples. Entre les individus - une très belle relation de père à fils, d'homme à femme, de père à mère, de concurrents à concurrents, d'amitiés... , - aussi bien qu’avec Jappeloup, comme c’est annoncé au travers d’un court dialogue suite à la première victoire du petit étalon noir : « ce cheval a du cœur » / « il a plus que ça ».
La groom déterminée (Lou de Laâge) rappelle d'ailleurs à Pierre, lorsqu'il en a besoin et qu'il est sur le point de se séparer de Jappeloup, l'importance des sentiments : comme les personnes, le cheval n'est pas une machine.
Ainsi le film donne aussi à voir des ruptures : la mort brutale de son père (interprété avec beaucoup de générosité par Daniel Auteuil) qu’il voulait tant rendre fier, ses nombreuses chutes et échecs et les douleurs qui en découlent ; paradoxalement, naît de tout ce chaos le soulèvement d’une énergie positive qui rend possible leur renversement et donne lieu à de nouveaux objectifs et la reprise d'un projet essentiel vers lequel tout converge.
D’ailleurs si Jappeloup et son évolution de compétiteur est au centre du film, les relations entre les personnages autour sont teintées d’une grande justesse et contribue à la force et au succès de l’histoire. « Découvrir un personnage qu’on ne voit pas tout de suite » était en effet le but de Guillaume Canet avec cette émouvante reconstruction de plusieurs vies autour d’une. Ainsi on voit évoluer sa relation avec Nadia, cavalière rencontrée lors d’une de ses épreuves de jeunesse incarnée par une Marina Hands attachante et délicieuse.
Sur un plan cinématographique, Jappeloup a aussi le mérite de rappeler que cinéma populaire et profondeur ne sont pas inconciliables. Plaisant et édifiant : le film s'avère être une excellente surprise, à l’image de celle que fût ce fameux centaure à Séoul en 1988. Un hommage vibrant et un appel à aller au bout de ses rêves. Jules
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