Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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What Richard Did


Irlande / 2012

17.04.2013
 



UN CRIME DANS LA TÊTE





"L'échec est interdit n'est-ce pas?"

What Richard Did fait partie de ces films qu'on n'attend pas et qui font l'effet d'une petite bombe dans le paysage cinématographique. Film irlandais peuplé de paysages somptueux, il fascine d'emblée par son esthétique et on aura souvent l'impression de regarder un tableau de John Constable entre deux fondus au noir.
L'intrigue se concentre autour d'une destinée brisée soudainement, par un moment d'égarement, il montre la malédiction de l'instant, le faux-pas qui entraîne plusieurs chutes intégrales.

L'âge d'homme

Malgré l'ambiance détendue et estivale dans laquelle nous plonge le début du film, on sent paradoxalement qu'on est à un moment crucial. Sans en avoir l'air, la caméra se concentre sur un personnage en particulier sans jamais nous le signaler explicitement : le héros pourrait aussi bien être le garçon assis à côté de lui.
Richard est un jeune Monsieur-tout-le-monde mais dans un sens positif : social et sportif, ni trop intello ni trop stupide, il se fond avantageusement dans cette masse d'adolescent.
Il sent le poids de ce qui l'attend et ne veut pas décevoir son père dont il sait être la fierté. Une fille retient bientôt son attention et ajoute à sa panoplie de garçon parfait de la middle class.
Seulement voilà, il y a aussi Conor, l'autre garçon vers lequel Lara tourne les yeux. Et l'idée seule de la possibilité qu'on lui fasse de l'ombre va être insupportable à Richard et provoquer le drame qui semble déjà écrit même quand tout va bien, précisément car tout va trop bien pour durer. En cela le déroulement du film nous rappelle ceux de Joachim Lafosse. La tragédie qui va se produire est contenue dans chaque plan.

Le dilemme

Ainsi après une soirée un peu trop arrosée qui finit mal et du jour au lendemain, Richard voit s'effondrer ses plans et son avenir un peu trop bien tracé pour se retrouver dans une situation sans issue. Celle de la culpabilité d'un crime qu'il ne peut ni assumer ni effacer. Sans jamais donner de solution et après avoir pris le temps d'amener le spectateur dans le contexte qu'est celui de Richard, aucune solution nous sera donné, nous plaçant ainsi dans une situation particulièrement inconfortable car prise entre le moral et l'affect.
La scène où Richard avoue son crime à son père confine à une émotion pure et déchirante tant on sent la brisure irrévocable, tout comme celle où l'on se voit s'effondrer, craquer, avouer son impuissance.
L'inconfort ira croissante, entre tendresse, colère et douleur, jusqu'aux cinq dernières minutes ne nous donnant à voir qu'un faux apaisement derrière une vie définitivement brisée.

Un film d'une beauté terrible. Intense, perturbant et brillant.
 
Jules

 
 
 
 

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