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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Jack le chasseur de géants (Jack the Giant Slayer)
USA / 2012
27.03.2013
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LA FAIM DES HARICOTS
"Pourquoi les gens crient toujours avant de mourir ? Ils croient que ça aide ?"
S’il suffisait de prendre une légende universelle et de la moderniser selon l’air du temps pour obtenir un film à la fois réussi et rentable, cela se saurait. Qu’importe, les producteurs ont depuis longtemps décidé que l’aspect "rentabilité" était plus important que la notion de qualité, et que quelques artifices bien sentis étaient suffisants pour attirer les spectateurs dans les salles. D’où ce Jack, le chasseur de géants formaté pour en mettre plein la vue et flatter l’ego des jeunes adolescents avides d’exploits et d’images 3D.
On l’aura compris, le scénario n’a ici aucune espère d’importance, pas plus que la mise en scène. Sans être honteux, les deux assurent donc le service minimum : rebondissements calibrés pour donner une impression de suspense, plans très découpés pour créer une sensation d’urgence et de foisonnement. Pour ce qui est de la 3D, elle est comme (presque) toujours en deçà de ce qu’on pourrait attendre, malgré des efforts faits sur le monde des géants (splendide) et les géants eux-mêmes, qui trouvent une certaine ampleur dans les séquences de combat.
Pour le reste, on appréciera quand même le destin parallèle des deux personnages principaux, qui permet à l’héroïne d’être sur un pied d’égalité avec le héros masculin. Dommage qu’au fil du récit, on retombe un peu mécaniquement dans le schéma classique du garçon qui sauve la fille et surtout qui prend les choses en mains à sa place (ainsi Jack se saisit-il de la couronne magique à la place d’Isabelle, à qui elle revenait pourtant de droit). Il semblerait que le critère "héroïne forte" soit devenu un passage obligé du cinéma hollywoodien (ce qui est une bonne chose, évidemment), sans que les scénaristes ne réfléchissent pour autant à tout ce qu’implique en réalité un tel personnage, et au comportement que cela devrait induire chez elle et, par rebond, chez ceux qu’elle côtoie.
Malheureusement, tout le film est à cette image : dénué de complexité (dramatique comme psychologique) et construit sur une succession d’épreuves que le héros franchit avec une extrême facilité. Les acteurs qui incarnent Jack et Isabelle sont par ailleurs trop falots pour apporter charisme et caractère aux personnages. Dans le genre, seul Ewan Mc Gregor tire quelque peu son épingle du jeu en vieux briscard plein d’humour et de charme. On serait l’héroïne, c’est avec lui qu’on s’enfuirait à la fin… Trop déluré pour Hollywood, et surtout pour le (très) jeune public visé ?
Quoi qu’il en soit, on n’aurait pas été si surpris de la médiocrité de l’ensemble si Bryan Singer, réalisateur talentueux d’Usual suspects et de deux volets de la franchise X-men, n’avait pas été aux manettes ! Nulle part on ne retrouve sa patte, ni le moindre commencement de volonté de faire du cinéma d’auteur. Lassitude ? Matériel de départ trop faible ? A moins que les haricots magiques du conte n’aient tout simplement contaminé le film, lui aussi condamné à être aussi mince que fade.
MpM
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