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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Quartet
USA / 2012
03.04.2013
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DIVAS
Plus qu’un film d’acteurs – ce qu’est fondamentalement Quartet – la toute première réalisation de l’acteur-star Dustin Hoffman, 75 ans, aborde de front mais non sans humour ni légèreté la vieillesse, laps de temps si particulier en forme de dernière compagne pas forcément très clémente pour l’organisme. Petits tracas de la vie quotidienne, anciennes douleurs enfouies, présence de la mort ou exaltation de la musique s’imbriquent au cœur d’une pension de retraite pour anciennes gloires lyriques en plein cottage anglais. Le cadre tient lieu d’empreinte stylistique, formant un tableau haut en couleur sur un 3ème âge encore bien vivant et décidé à ne pas s’en laisser compter par le poids des ans.
Quartet, adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Ronald Harwood (1999), est un
huis clos en forme de fable sociale un peu coupée du monde réel où cabotine à qui mieux mieux un quatuor d’acteur visiblement heureux de se retrouver là. Maggie Smith, Billy Connelly, Tom Courtenay et Pauline Collins s’en donnent à cœur joie. Et cela fait plaisir à voir. La prétention de Dustin Hoffman n’étant pas de proposer un chef-d’œuvre de subtilité dans les retrouvailles entre Jean Horton et Reggie Paget, deux des membres éminents du Quartet de la grande époque. N’est pas James Ivory qui veut.
De toute façon le réalisateur en herbe nous joue le film en mode espace de jeu. Quitte à sacrifier la dure réalité des maisons de retraite, fussent-elles originales, au profit du bon « vieux » Vaudeville avec ses touches d’émotions sincères qui font, il faut l’avouer, mouche.
Hoffman s’éloigne de la chronique. Il préfère nous parler de ses personnages par l’intermédiaire d’une fiction respectueuse de la pièce avec comme point d’orgue la scène, plutôt réussie, du gala annuel de la pension. De fait il scénarise un air de déjà-vu, crée une osmose de façade pour mettre en pratique sa véritable ambition. Car si nous nous amusons des ego des uns et des autres comme de la vie assez folklorique de la pension baignée par la musique et l’œuvre de Verdi, l’entreprise de Hoffman démontre l’évidente possibilité, malgré l’âge, d’aller de l’avant. De se faire plaisir également. D’évoluer tout en restant soi-même. Une ancienne diva égotique ou un ancien chef d’orchestre tyrannique ne changent pas. Ils continuent, bon gré mal gré à exister. Et faire, quand il faut, des concessions. En somme, ils vivent.
Bien aidé par son chef opérateur, Dustin Hoffman nous livre un beau premier film plein de sincérité. Entre mélancolie et comédie, Quartet souffre d’une mise en scène trop sage pour nous prendre directement au cœur. À défaut, le film peut se savourer sans modération par l’entremise de ses comédiens animés d’une même passion, toujours intacte, du jeu.
geoffroy
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