|
|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Perfect Mothers (Two Mothers)
France / 2013
03.04.2013
|
|
 |
|
|
|
(IM)PERFECT LOVE
« Je n’ai pas envie d’arrêter »
Sable fin et eau turquoise à perte de vue servent de décor de rêve à une histoire d’amour peu ordinaire. Deux femmes, proches de la cinquantaine, et deux jeunes hommes beaux comme des dieux grecs (dixit Lil et Roz, leurs propres mères) sont les protagonistes de cette pièce sentimentale et hautement sensuelle.
Lil et Roz, amies d’enfance, ne se quittent que très rarement. Elles passent toutes leurs soirées ensemble accompagnées de leurs fils, Tom et Ian, eux-mêmes amis depuis qu’ils sont tout petits. Les filmant toujours tous les quatre ensemble, la caméra se plait à jouer sur l’ambiguïté de la situation, de sorte que le spectateur ne sait pas très clairement qui est qui. Alors quand Roz embrasse Ian, le fils de Lil, le spectateur ressent une certaine gêne face au caractère quelque peu incestueux de cette relation qui n’a pourtant rien d’un inceste. Et quand Lil et Tom commencent eux aussi une relation loin d’être platonique, c’est un véritable quatuor amoureux qui se dessine.
Mais une femme de cinquante ans avec le fils de sa meilleure amie qui se trouve être également le meilleur ami de son fils et qui n’a que 19 ans, ça dérange. Pourtant, Anne Fontaine filme une belle histoire. Néanmoins, on sent bien, tout comme les personnages, que cette histoire ne peut être qu’une parenthèse enchantée qui a donné lieu à un jeu pervers et dangereux et qui sera vite rattrapée par la réalité. Mais aucun d’eux ne sait vraiment les conséquences que cela aura sur leurs vies. Ce malaise est renforcé par certaines musiques qui, peut-être aussi à cause de la présence de Naomi Watts, ont un petit goût de Mulholland Drive.
A travers cette histoire, d’autres thématiques se détachent. Pour Lil et Roz c’est la peur de vieillir, et qui plus est de vieillir seules. Leur relation avec de jeunes hommes tend à les rassurer même si elles savent que cela ne pourra durer toujours. Quant à Tom et Ian, c’est la peur de s’engager qui se distingue en filigrane, de fonder leur propre famille, de quitter ce cocon si tendre.
Perfect Mothers repose en grande partie sur les épaules des deux actrices principales, Naomi Watts et Robin Wright. Cette dernière notamment est tout simplement sublime (et sublimée par la caméra d’Anne Fontaine) dans son rôle de quadra amoureuse tiraillée entre ses sentiments sincères, l’appel de la chair et sa morale.
Le lieu a aussi une grande importance au cœur du film. La plage, le sable, les belles maisons, l’océan à n’en plus finir... c'est le cadre idéal pour une idylle parfaite. Mais derrière ce tableau trop lisse se dessinent peu à peu des fissures, les fêlures se tissent, les blessures apparaissent. La raison finit par s’immiscer, par s’imposer. Mais tout le monde sait qu’en amour la raison trouve difficilement sa place.
Morgane
|
|
|
