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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Holes (La morsure du lézard)
USA / 2003
29.10.03
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EVEN COWGIRL GET THE BLUES
"- Ca sent le vomi de mule qui a ruminé des asperges."
Harry Potter, héros sage et doué des enfants, a un rival : Stanley Yalnets. Les deux ados se ressemblent. Marginaux, peu enclins à la réussite en constatant le désastre familial qui les entoure, ils se retrouvent chacun dans un centre de rééducation personnalisé. Pour Harry, un grand château, des maîtres bienveillants, des mets à profusion, et des Phoenix pour animaux de compagnie. Pour Stanley, un campement à peine hygiénique en plein désert, des travaux forcés, peu d’eau et une bouffe immonde, des lézards au venin fatal.
Stanley, c’est l’anti-Harry. Et Green Lake, l’opposé de Pouddlard. L’un puise sa richesse imaginative dans les contes et légendes européens, quand l’autre doit se contenter du Western comme seule source mythologique. Ici, point de sorcellerie. Juste l’aliénation de creuser des trous, des petits trous encore des petits trous. Les gamins sont américains, incultes, illettrés, condamnés pour des vols de godasses de sport.
Le film, qui vise les moins de 16 ans, ne sera pourtant pas aussi universel que les productions mastodontes du sorcier à la cicatrice. Et ce contrairement au roman, puisque Stanley Yalnets a une popularité égale aux Etats-Unis. La raison la plus explicable est sans aucun doute la narration. L’abus de flash-backs, pas forcément dans l’ordre, nuit à la fluidité de l’histoire. D’autant qu’il y a peu de cohérence entre cette histoire romantique et tragique au pays des cow boys (et cow girls) et le corps du film, l’amitié entre deux gamins dans un trou perdu, face à des adultes bêtes et méchants. Il convient de signaler le plaisir à voir Jon Voight rebutant, grotesque, et Sigourney Weaver, autoritaire, ridicule- parfaite garce qui rappelle son rôle de Working Girl.
Immergé dans ce coin paumé, nous nous régalons avec la cruauté des gosses. Mais nous en sommes, hélas, arrachés maladroitement, et régulièrement. Là, nous nous plongeons dans ce même lieu, mais prospère et idyllique. Patricia Arquette et Dulé Hill - très beau couple (utopique) de cinéma - y vivent une histoire d’amour impossible. On nous fait voyager en Europe Centrale et dans les canyons américains. C’est un peu confus et vite prévisible. Rapidement, le spectateur comprend que le sortilège lancé il y a des décennies va se résoudre grâce au gentil Stanley. Mélange de déterminisme et de fatalité, la morale se boucle évidemment sur un happy end où le bonheur est un mélange opportuniste d’amitié sincère et d’opulence financière.
Creuser des trous et retrouver ses racines. Cela ne suffit pas pour créer un film homogène entre le calvaire contemporain et la dérision historique. L'ambition, et même une certaine audace pour un film cblant les jeunes, galvanise parfois la complexité de ce puzzle temporel. Les dialogues sauvent souvent certaines scènes un peu fades, avec quelques comiques de répétition. La musique pompière du final est un peu superflue et rappelle qu’Hollywood tient les manettes de ce beau film pour enfants. Les destins se croisent sans nous avoir fait croire que l’héritage serait bien utilisé. D’ailleurs comment peut-on avoir autant de fric et finir dans des baraques d’aussi mauvais goût pour y bouffer des hamburgers ? Résolument, Stanley n’est qu’un Harry de banlieue, pas très loin des fantasmes "transtemporels" de Marty McFly. vincy
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