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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le repenti (El Taaib)
Algérie / 2012
10.04.2013
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PLACE A LA CONCORDE
"Ne me remercie pas. Remercie la loi. La concorde civile."
Après des années de guerre civile, le gouvernement algérien a voté en 2000 une loi permettant aux combattants islamistes armés de bénéficier d’une amnistie, à condition de rendre les armes. C’est à ce moment-clef de l’histoire du pays que Merzak Allouache situe l’intrigue de son nouveau film. Il s’attache donc au parcours de l’un de ces repentis, Rachid, jeune homme au regard fuyant et sans cesse en mouvement dans un décor qui semble trop vaste pour lui. Le portrait qu'il en dresse n'a rien de glorieux.
Rachid a peur. Il est sale et affamé. Il refuse d’assumer ses années de clandestinité et nie toute implication dans les violences qui ont ensanglanté son pays. Ce n’est ni un fanatique, ni un idéologue. Pour lui, la lutte armée est une parenthèse à refermer, rien de plus. On peut ainsi le voir comme le représentant d’une jeunesse déboussolée, en perte de repères, mais aussi comme le symbole d’un pays qui veut faire table rase du passé, sans chercher à comprendre comment il en est arrivé là. Or comment aller de l’avant si l’on ne sait plus qui l’on est ?
Rachid (comme l’Algérie ?) a ainsi une marge de manœuvre plus que réduite. La police attend de lui qu’il collabore tandis que la famille de ses victimes potentielles veut se venger. Quoi qu’il fasse, où qu’il se tourne, Rachid est un traître. Il le sait, d’ailleurs. Il ne cherche ni à s’amender, ni à prétendre qu’une nouvelle vie est possible. C’est qu’il a un plan. Un plan à son image : sournois et honteux.
Dans toute la première partie du film, le réalisateur cultive un certain mystère. Ses scènes sont très courtes, peu signifiantes. Il abuse des ellipses, laissant volontairement hors champ tout ce qui pourrait aider le spectateur à comprendre ce qui se passe. Cela crée un suspense de plus en plus fort, une tension qui s’installe dans le récit et qui chacun mal à l’aise.
Malheureusement, lorsque la vérité est enfin révélée, au cours d’un road-movie aux rebondissements convenus, elle n'est pas à la hauteur des attentes générées. Bien sûr, l’exploitation que le personnage fait du malheur d’autrui est insupportable. Mais la manière dont Merzak Allouache la filme est si complaisante que cela porte préjudice à son propos. Tout est trop énorme pour émouvoir, et dénote une manipulation bêtement didactique.
Quant à la fin (purement gratuite), elle donne une désagréable impression de "tout ça pour ça". Une fois de plus, un bon sujet ne fait pas nécessairement un bon film. Surtout lorsqu’il est juste porté en étendard, sans rien pour l’étayer.
MpM
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