Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Upside down


/ 2012

01.05.2013
 



TROP DE GRAVITÉ NUIT À LA GRAVITÉ

Le livre Bye Bye Bahia



Et si l’amour était plus puissant que la gravité ? C’est la question qui est en même temps le sujet et le résumé du film, son début et sa fin : c’est en fait la seule question de Upside down. On connaît bien évidement la réponse à l’avance : et peu importe du moment si le film nous fait vibrer avec une aventure extraordinaire. On regrettera pourtant l’absence de souffle romanesque pour faire avancer le merveilleux et le charme du film, pas assez puissant : le divertissement plutôt terre-à-terre est finalement assez ordinaire.

Le réalisateur Juan Solanas s’est lancé le défi d’un film renversant à nous mettre la tête à l’envers : deux mondes l’un au dessus de l’autre avec chacun sa gravité, et en bas un garçon amoureux d’une fille d’en haut. La moindre des choses quand on imagine un univers de science-fiction est d’organiser une façon d’y vivre avec d’autres outils et d’autres vêtements, et surtout d'autres règles à suivre ou à enfreindre (comme Matrix des frères Wachowski, Le cinquième élément de Luc Besson, Dark City d’Alex Proyas…). Ici dans Upside down les principales préoccupations sont basiques : les pauvres d’en bas s’échinent à trouver de quoi se chauffer tandis que les riches d’en haut cherchent à vendre des produits cosmétiques… Si il y a une préoccupation sociale autour des injustices, elle est expédiée sur un timbre-poste : aucune révolte ni même aucune bataille.
Dans ce fantastique décor est donc régit selon ses lois physiques de la double gravité : toute matière ou objet est soumis à la gravité de son monde d’origine. Le film propose un formidable concept d’univers avec les gens d’en haut qui sont inversés par rapport à ceux d’en bas, et où il est impossible d’aller chez les gens du monde d’en face en ayant les pieds sur le même sol qu’eux. Pourquoi développer un décor de science-fiction si on n’entre pas véritablement dedans ? Les différents niveaux de bas en haut veulent montrer l’illusion d’être immenses, mais on y voit surtout ses deux dimensions sans la troisième (la profondeur) pour les rendre vastes et labyrinthiques. Si on y voit quelques beaux paysages tout cela finit par être moins un décor et plus du décorum : les personnages ne semblent jamais évoluer dedans mais juste devant… On en vient même à remarquer que le décor se limite à une table et deux chaises (chez Adam en bas, le bureau de Adam au niveau 0, le bureau de Eden en haut, le restaurant favoris de Eden) et que tout le reste n’est finalement que de jolies images générées par informatique derrière les acteurs. Autant ce genre de tournage devant un écran vert pour incrustation numérique peut fonctionner ailleurs (comme Sin City de Robert Rodriguez), autant ici Upside down peine à créer l’illusion.

La longue séquence d’introduction est révélatrice, avec son atmosphère de fable enfantine (une tante qui fait des crêpes qui volent dans l’assiette et des abeilles roses). Un jeune homme du monde d’en bas va essayer de retrouver et re-séduire celle qu’il avait rencontré quand il était gamin, mais la belle est dans le monde d’en-haut… Cette histoire est aussi originale que leurs prénoms Adam et Eden, seul ce décor de gravité inversée fera imaginer des stratagèmes pour se rapprocher. Les films de romances impossibles tels que Roméo et Juliette ou Titanic (qui d’ailleurs évoquent eux bien plus de questions de société sur les rapports pauvre/riche) montrent malgré les obstacles une attirance amoureuse réciproque entre deux personnages. Upside down est racontée avec la voix-off de Adam et avec son unique point de vue ; l’amour semble à sens unique tellement le trouble chez Eden est presque ignoré. Jim Strugess, toujours parfait, est le véritable héros du film, il est celui qui provoque l’aventure. La jolie Kirsten Dunst fait presque office de belle plante, c’est la fille d’à côté qui est passive face aux évènements : les fans de Kiki en seront pour leurs frais tellement elle n’a pas grand-chose à jouer. L’émotion est absente des rendez-vous, et le souffle romantique se fait trop attendre.

Upside down est le conte d’une romance guimauve auquel manque l’alchimie qui nous rend fleur bleue.
 
Kristofy

 
 
 
 

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