Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Trance


USA / 2012

08.05.2013
 



TOILE DE MAITRE





"Aucune œuvre d’art ne vaut une vie humaine."

Après avoir consacré plus de deux ans de sa vie à préparer la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Londres, tâche colossale (et consensuelle) s’il en est, Danny Boyle semble avoir eu besoin de se changer les idées. C’est en tout cas ainsi qu’il explique son envie de tourner Trance, thriller moins ambitieux que ses derniers grands films (Slumdog millionaire, 127 heures…) mais qui se révèle un divertissement efficace et survitaminé.

Dès la séquence d’ouverture, qui raconte le vol d’un tableau hors de prix, on est entraîné à un rythme effréné dans une suite vertigineuse de causes et de conséquences s’emboîtant à l’infini. Loin de retomber à l’issue du hold-up, la tension monte d’un cran lorsque le film se transforme en une curieuse chasse au trésor dont le plan se situe… dans la mémoire refoulée de l’un des personnages. C’est alors un festival de faux-semblants qui commence, mettant aux prises une bande de malfrats facilement violents, le narrateur amnésique et une splendide thérapeute spécialisée dans l’hypnose.

Le spectateur n’a plus rien d’autre à faire que compter les points et admirer les talents de mise en scène de Danny Boyle, qui joue des éclairages au néon, de la musique répétitive et de la dichotomie image/son comme personne. Son sens inné du montage (ultra découpé) plonge sans cesse le spectateur dans l’incertitude : qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui n’est que suggestion ? Les personnages sont comme pris dans le labyrinthe de leurs propres mensonges que chaque nouveau retournement vient mettre à mal. Bien sûr, dans ce fabuleux jeu de dupes, le second degré règne en maître. C’est l’humour et la complicité entre le spectateur et le cinéaste qui apportent au scénario le souffle, et les fondements dont il a besoin pour fonctionner.

Avec un savoir faire supérieur à celui de Soderbergh lorsqu’il filme Effets secondaires (qui se rapproche de Trance dans sa volonté de jouer avec les codes du film noir), Danny Boyle dose suffisamment ses effets pour toujours détourner l’attention de celui qui tire les ficelles. Ses personnages, moins stéréotypés qu’il n’y paraît, révèlent alors des facettes successives (et ambivalentes) de leur personnalité avant de laisser libre cours à leur part d’ombre innée.

C’est ainsi que, sans forcer le trait, mais sans se priver d’une certaine liberté de ton, le réalisateur retombe au final sur ses pieds. Avec élégance et auto-dérision, il laisse même entrevoir au spectateur que l’hypnose la plus efficace, c’est encore celle du cinéma, qui suggère devant nos yeux des images absolument réelles et complètement fantasmées à la fois.
 
MpM

 
 
 
 

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