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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'Hypnotiseur (The Hypnotist - Hypnotisören)
/ 2012
08.05.2013
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FROID COMME LA MORT
Une affiche noire bordée de rouge avec au milieu dans un ovale une illustration énigmatique, cela vous rappelle-t-il quelque chose ? avec Lisbeth Salander ? Depuis que les romans de la trilogie Millénium de Stieg Larsson ont été adapté en série et en films, la Suède semble être pour un temps le pays du polar glacial et glaçant (comme Morse dans un autre genre). Enorme succès en librairie, à la télévision, au cinéma, Millenium a fait des émules et quantités de romans dans la même lignée sont apparus espérant une même destinée (et souvent avec raison). Si la couverture est toujours noire et rouge (comme la collection d'Actes Sud spécialisée dans le genre), le suspens que l’on attend reste en suspend…
Avant d’être un film réalisé par Lasse Hallström, L’Hypnotiseur est donc d’abord un roman en forme de thriller où une famille assassinée va faire raviver des secrets de famille… Un homme est poignardé dans un gymnase, une femme et ses enfants sont plantés de coups de couteaux dans leur foyer : ils sont tous morts sauf le jeune fils qui reste dans un état inconscient. Aucun indice, aucun suspect, aucun mobile, aucune piste. La seule supposition est qu’on voulait tuer toute la famille, et que la fille adolescente qui n’était pas là sera la prochaine victime à être assassinée, si on ne la retrouve pas à temps. Le seul témoin est ce garçon inconscient qui ne peut pas parler, à moins que…Le flic Joona Linna demande l’aide du psychiatre Erik Bark pour hypnotiser ce témoin. Si on arrive à avaler le fait de pouvoir hypnotiser quelqu’un dans le coma pour le faire parler de ses souvenirs, alors on a ici un très intriguant point de départ pour un thriller qui promet d’être envoûtant.
Les qualités du livre sont devenues dans leurs transpositions en images les défauts du film. L’intrigue suit les recherches de deux hommes (le flic et le psychiatre) à propos de deux familles. Contrairement aux romans de Jean-Christophe Grangé par exemple (Les rivières pourpres, L’empire des loups…) où à chaque fois deux enquêtes se rejoignent en une même affaire, ce roman suédois raconte plutôt deux histoires en parallèle qui bien qu’étant reliées sont plutôt indépendantes l’une de l’autre. Il y a le policier Linna qui enquête sur le passé de la famille assassinée, et il y a le psychiatre Bark qui fait face à un drame familial plus personnel. Il en est de même avec le film L’Hypnotiseur : on est d’abord intéressé par le mystérieux tueur, puis le scénario en oublie le policier pour ne s’intéresser qu’au psychiatre et à l’épreuve qu’il traverse, la révélation de l’identité du tueur arrive à mi-parcours et on l’oublie pour revenir à la résolution du drame du psychiatre. Le film commence de belle manière avec un crime, mais on va assez vite connaître l’assassin : ce qui aurait dû en être la trame principale devient accessoire à côté d’une autre histoire bien moins excitante.
Le réalisateur Lasse Hallström laisse deviner avec sa caméra des révélations cruciales bien avant qu’elles n’apparaissent aux personnages du film. Le spectateur est presque toujours en avance sur l'enquête alors il ne reste plus vraiment d’effet de surprise. Ce qui est étrange c’est qu’il s’agit de la première histoire avec le flic Joona Linna, celui-ci étant le héros des autres romans écrits par Lars Kepler, mais celui-ci est trop peu charismatique et trop peu présent. Il ne devient alors qu'un second rôle avec peu d'importance face au psychiatre et à son épouse (l’une des rares stars suédoises, Lena Olin).
Cependant, il y a un lien entre ces deux histoires, un même point commun : les conséquences de la disparition d’un enfant. Le film n’est malheureusement pas assez palpitant (la série télé suédoise Wallander semble la référence) pour nous mettre en transe.
PS : Pour surfer sur le succès populaire de Millenium plutôt que de parier sur un énième polar polaire, il manque une Noomi Rapace, formidable dans Beyond de Pernilla August, toujours pas sorti…).
Kristofy
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