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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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O Homem do Ano (L'homme de l'année)
Brésil / 2003
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SUCCESS STORY
"-Tout ça pour un pari!"
L'homme de l'année est un film saisissant sur le Bien et le Mal, sur la justice contre le crime, ou plutôt le crime contre le crime dans un pays, le Brésil, à la recherche de ses repères entre l'américanisation et sa propre spécificité. Comment éliminer un mal qui ronge la société en son coeur, qui fait que l'on craint l'autre, que l'on doit se défendre en permanence contre les attaques des autres. Un jeune Brésilien perd un pari et se retrouve en blond platine - couleur de l'ange exterminateur qu¹il deviendra - dans le bar du coin. Cela provoque les rires des habitués du quartier et la colère de l'humilié.
L'histoire débute à ce duel entre le moqueur et le moqué. Le moqueur - un voyou malfamé - se fait tuer. La fuite du tueur ne le mènera pas aux geôles des milices anti-gangs mais au sommet de la notoriété et de la prospérité.
Par son geste, il a libéré les personnes opprimées quotidiennement par le voyou. Du patron du bar à la police, on le félicite d'avoir tué une crapule. La faute est absoute : il a rendu service à la faute. Cynique et dur, le film aborde la dérive de ce jeune homme qui acquiert la reconnaissance (et donc l¹existence) par son crime, qui va être récompensé pour avoir tué. La morale n¹est plus. Nous sommes dans la jungle des individualistes de notre société sans repères. Comme si un seul homme pouvait éliminer le Mal de la surface de la Terre. Éradiquer l¹insécurité en donnant le permis de tuer à un homme aux motifs troubles mais heureux d¹avoir son quart d¹heure warholien de célébrité.
"Chacun de nous choisit son destin". Avec beaucoup de finesse, le réalisateur va montrer comment un simple être humain devient un héros et comment toutes les attentes de gens désespérés se cristallisent sur un objet. Son crime amateur et impulsif va s'institutionnaliser : un dentiste fortuné et raciste va avec ses camarades fixer une liste noire des dangereux criminels à descendre : le violeur, le cambrioleur, le braqueur, etc... Il se lance ainsi dans ce "travail hygiénique et patriotique" : se débarrasser de la vermine.
Dans cette course folle, il aspire, comme tout homme, à une vie normale et tombe amoureux, se marie, a un bébé,... mais tout bascule encore entre l'idéal qu¹il incarne et le modèle qu¹il aspire à choisir. Flics ripoux, corruption par l'argent, pauvreté et désespoir sont les thèmes de cette fable contemporaine.
Un polar sombre et lumineux qui perd un peu de son intérêt sur la fin, hésitant entre la foi de l'innocente et la rédemption de son héros. Traînant par ses quelques langueurs, s'essoufflant, L¹Homme de l¹année cherche sa voie et nous égare un peu avec. A l'instar du cinéma Brésilien contemporain, en revanche, il offre un beau savoir-faire dans le film de genre où le social prime sur la forme a priori américanisée. Un portrait dur du Brésil d'aujourd'hui avec ses déviances, ses excès, sa violence, la primauté de l'argent et du pouvoir. Loin de l'utopie véhiculée par Lula. Mais proche de ce qui a conduit un homme de gauche au pouvoir. Le film, ancré dans son présent, ouvre alors sur un échappatoire, un espoir de ne pas céder à la violence primaire. serge
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