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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'Homme de Rio
France / 1964
05.02.1964 (resortie le 29.05.2013)
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POURQUOI (PAS) LE BRÉSIL?
«- Un déserteur qui voyage dans une voiture volée avec une hystérique, de deux choses l'une : ou c'est un névropathe ou c'est un blasé. Choisis ! »
Si vous n’avez jamais vu L’homme de Rio, vous êtes passés à côté de la meilleure (la seule ?) comédie française mixant aventure, romantisme et dérision. Ce film qui a inspiré de nombreux scénaristes, à commencer Kasdan pour Les aventuriers de l’Arche perdue, est une leçon dans le genre : de l’exotisme, du rythme, du charme, des personnages secondaires mémorables, des répliques cultes.
Philippe de Broca a ainsi amélioré tous les défauts des Tribulations d’un Chinois en Chine, plus absurde, en flirtant avec les grands films américains. Outre le scénario exquis, les dialogues ciselés, un second degré délicat, c’est bien entendu le duo de charme Belmondo-Dorléac qui fait mouche. En amoureux transi, prêt à bondir sur des planches à des dizaines de mètres au dessus du sol ou tout simplement à se soumettre à tous les caprices de sa dulcinée (y compris en choisissant une voiture rose avec des étoiles vertes), Bébel est à la fois héroïque et vulnérable, viril et sensible. Il symbolise de manière avant-gardiste l’homme moderne, ni macho, ni métrosexuel. Quant à sa partenaire, elle est au sommet de sa beauté, parvient à passer de la mélancolie à l’acuité, de ses rêvasseries délirantes à un rire presque espiègle. Elle incarne la féminité à la perfection. Difficile de ne pas succomber à ce duo de stars.
L’histoire leur fait croiser un richissime brésilien comme un cireur de chaussures des favellas. Mais c’est dans l’opposition des légendaires Servais / Renan, qui fait écho au jeune couple, que le film prend du relief : un chercheur illuminé et tyrannique versus une chanteuse de cabaret au fin fond de l’Amazonie. Dans une parfaite symétrie, le premier veut s’approprier la belle tandis que la seconde drague le jeune mâle.
L’homme de Rio est ainsi fait qu’il est un film écrit à l’ancienne, où chaque séquence s’enchaîne logiquement à la suivante, tout en changeant de tonalité sans crier gare. Les personnalités s’étoffent, les enjeux se simplifient ; et les décors ont beau varié (Paris, Rio, Brasilia, l’Amazone), le cinéaste nous emmène sans accros à une grotte, sorte d’entonnoir, de piège qui servira de tombeau. Cette spirale vers la mort permettra à aussi à Oprhée de sauver son Euydice de ses enfers…
Car il y a des 12 travaux d’Hercule dans cet Homme de Rio. Le défi est presque lancé par la princesse elle-même qui veut être sûre et certaine d’avoir tiré le bon numéro. Et le prince charmant qui s’exécute, terrassant tous les méchants, risquant sa vie à tout instant. Dans ce Brésil en mutation, entre Rio filmée comme une Rome dans La dolce vita, Brasilia, ville futuriste blanche posée sur une terra battue ocre, et les forêts tropicales cernant l’Amazone, le film s’offre quelques scènes spectaculaires autant que dépaysantes. « Quelle aventure » comme dirait Belmondo à son camarade militaire quand il lui raconte son trajet embouteillé à travers Paris.
Mais L’homme de Rio est avant tout une comédie romantique, où Bébel s’amuse à faire parfois le clown (en enfilant un pantalon devant un flic qui ne comprend rien) et Framboise Dorléac nous hypnotise avec un sourire irrésistible et des yeux mécaniques. Une parenthèse enchantée : une grande aventure comme le cinéma français n’a jamais su en reproduire, sauf à la plagier, la décliner ou l’envier. De Broca n’a jamais fait mieux. Seul son coscénariste Jean-Paul Rappeneau a réussit l’exploit de faire un autre monument dans ce genre, Le sauvage, avec Deneuve. Deux œuvres sœurs. Deux demoiselles du 7e art hexagonal.
vincy
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