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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les Beaux Jours
France / 2013
19.06.2013
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DÉSIR ARDENT
C’est Sacha Distel qui chantait « ô la belle vie, sans amour, sans soucis, sans problème…», mais Caroline (as de trèfle qui pique de notre coeur) dentiste toute jeune retraitée écoute plutôt dans le film le chanteur Christophe qui lui dirait « les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux… ». Sa nouvelle inactivité semble l’ennuyer aux côtés de son mari Philippe, dentiste encore activité. Aaussi, quand le fringuant Julien, avec ses vingt-cinq ans de moins chante le sérénade à la toujours belle Fanny, celle-ci va roucouler du plaisir d’une liaison extraconjugale qui fait quelques clins d'oeil au Lauréat.
Les beaux jours du titre sont aussi le nom d’un club du 3ème âge où les deux filles trentenaires du couple ont inscrite leur mère : ce personnage de retraitée interprété par une magnifique Fanny Ardant va y découvrir un monde des seniors tel qu’elle refuse d’y être intégrée. Comme une actrice refuse toujours de se voir vieillir. Ironie du sort, Ardant, blonde, le débit saccadé et accéléré (voire légèrement aigü), est transformée en Deneuve, sa double blonde truffaldienne. On imagine aisément ce qu'aurait donné la grande Catherine dans le film...
Atelier théâtre, atelier poterie, atelier informatique, sortie organisée en bord de mer, en compagnie d’un groupe de retraités improbables. Là-bas il y a le jeune séducteur, Laurent Lafitte qui épate toujours un peu plus, en charmeur, faisant tourner les ordinateurs et les femmes.
« -Pourquoi moi ? »
A partir du classique triangle amoureux du mari, la femme, et l’amant ; la réalisatrice Marion Vernoux revient au cinéma avec un joli trio en tête d’affiche. Dans le rôle délicat du mari délaissé avec des dialogues bien tenus le talent tout en retenu de Patrick Chesnais fait merveille, et Laurent Lafitte se montre en dehors de son habituel registre humoristique comme un bon acteur dramatique. Fanny Ardant illumine le film : elle est enfin de retour avec un grand premier rôle à défendre.
Adaptation du roman de Une jeune fille aux cheveux blancs de Fanny Chesnel, qui co-signe le scénario avec Marion Vernoux, cette belle histoire d’une sexagénaire qui craint un ennui mortel de la retraite et part à la recherche d'une excitation vivifiante est plutôt assez bien rendue dans le film. Cependant la réalisatrice Marion Vernoux se laisse aller à de trop nombreux apartés parfois amusants, souvent affligeants avec une dizaine de retraités du club du 3ème âge pour rythmer son film. S'y invitent des gens plus pittoresques les uns que les autres dignes des clichés de la télé (la déprimée, la bécasse, le confident, prof infantilisant…) qui forment un portrait improbable de ce qu’est la vieillesse.
Avec ce groupe de ‘vieux’ auxquels personne ne voudrait ressembler le film trouve une sorte de justification au comportement de la bourgeoise qui s’encanaille (sexe, fumette et gâteau au chocolat) une dernière fois avant d’être trop ‘vieille’. Pourtant la trame des différentes composantes de sa liaison avec un homme plus jeune (la transgression, les scrupules, le plaisir, les mensonges…) forment des étapes qui font avancer le récit. L’exploration de ce drame intime avec deux couples fragiles aurait mérité une puissance émotionnelle autrement plus grande.
« - Qu’est ce qu’on fait ?
- Comme tu veux.
- En fait ça t’es égal ? »
Alors que les derniers films de la réalisatrice Marion Vernoux n’ont pas laissé un souvenir impérissable, celui-ci signe un retour plutôt sage et timoré qui lorgne un peu vers le petit écran. Son dernier opus, Rien dans les poches, produit pour la télévision (en deux parties autour de Emma de Caunes) avait finalement une dimension plus cinématographique. Les beaux jours de Marion Vernoux est finalement très lisse (trop) - même le vieux film Les amants de Louis Malle en 1958 avec Jeanne Moreau était par rapport à son époque d’une plus grande modernité. Mais la voix suave de Fanny Ardant est intemporelle, et la finesse des jeux délicieuse : c’est un plaisir d’être charmé de nouveau…
Kristofy
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