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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The East
USA / 2013
10.07.2013
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GREENWAR
Dès les premières minutes, on est prit par le col et secoué dans tous les sens. Les images, tristement célèbres, d'un pétrolier qui s'est échoué, nous percute. Les mauvais souvenirs devant le journal télévisé refont surface lorsque nous voyons ces animaux couverts de pétrole qui ont des difficultés respiratoires. Les images défilent alimentées par la voix douce mais dure d'Izzy (Ellen Page) qui nous tient responsable de tout cela car on ne fait rien. Alors, eux, «The East», le feront.
Il faut combattre le mal par le mal. Nous voilà dans le monde de ce gang écolo-terroriste.
Jane, brune agent pour une entreprise de renseignement qui protège les puissants de ce monde, devient Sarah, blonde, pour s'infiltrer dans le groupe terroriste. Telle une James Bond girl, elle joue les agents doubles : dégustant un McDo avec dévotion avant de suivre le mouvement et de faire ses courses dans les poubelles en compagnie d'Izzy et des autres. Dans les poubelles oui, vous avez bien lu, et c'est pour la bonne cause. «Pourquoi ne cultive pas des légumes sur leurs terres?» demande la patronne de Jane/Sarah. The East défend l'environnement et par conséquent, ne supporte pas le gaspillage. «Dans les poubelles il y a tant de gâchis, ça me faisait trois repas par jour».
Écoterrorisme: le bien ou le mal?
Le groupe The East n'existe pas mais des personnes se nourrissant dans les poubelles et vivant en communauté : ceci n'est pas vraiment de la fiction. Zal Batmanglij (réalisateur) et Brit Marling (Jane/Sarah et co-scénariste) les ont même côtoyés durant un long séjour et ont vécu le même train de vie en leur compagnie, ce qui leur a inspiré ce thriller singulier et engagé. Ainsi, les anecdotes présentent dans le film comme l'arsenic présent dans les foyers ou les médicaments dangereux mis sur le marché sont aussi bien réelles. Tout cela fait bouillir la cervelle. Qui sont les innocents? Qui sont les terroristes? Tout dépend de quel coté vous vous placez.
L'atout majeur du film est de laisser le choix... Parfois, les rôles s’inversent : de quoi rendre la tâche légèrement plus difficile! Même si vous ne vous voyez pas en train d'empoisonner les puissants de ce monde, vous vous sentirez comme un membre de The East, sorte de secte malgré tout, durant tout le film: choqué et avec un léger goût de vengeance dans la gorge. L'idéalisme peut-il aller jusque-là? En optant pour une héroïne qui se situe dans les deux camps, Zal Batmangli déjoue la facilité et propose un film intelligent qui stimule la réflexion. Et pourrait même donner des idées à ceux qui voudraient arroser les arroseurs (pollueurs, empoisonneurs, ...).
On ne peut pas rester indifférent aux questions environnementales et sanitaires, au consumérisme exacerbé et aux abus financiers de ceux qui produisent toujours plus, et pas forcément mieux. Grâce à sa mise en scène originale, étouffante, tendue, ce thriller, comme Metro Manila qui sort ce mois-ci, dénote par rapport aux productions formatées de la saison. Cynthia
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