Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le grand tour


Belgique / 2013

24.07.2013
 



PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS





"Et Vincent, on l’a plus jamais revu."

Confirmant la vitalité d’un cinéma belge singulier et audacieux, Le grand tour se présente comme une grosse blague potache qui muterait, au fil du récit, en conte philosophique épuré. Un parcours semblable à celui que suivent les personnages du film lorsqu’ils transforment une randonnée de deux jours en errance de plusieurs mois. En cours de route, Vincent (le meneur de la troupe, incarné par Vincent Solheid, à l’origine du projet, et co-scénariste du film) se dépouille de tout artifice, qu’il s’agisse de son costume ou de l’alcool et de la drogue qui, au départ, semblaient la raison d’être du groupe, et va vers un dénuement aussi bien matériel que psychique. Une démarche qui interpelle, tant elle modifie en profondeur le regard que l’on porte sur un film qui n’est jamais là où on l’attend.

Formellement aussi, Le grand tour évolue. Au départ, on est dans un (vrai-faux) documentaire amateur qui mêle reportage sur le vif et témoignages face caméra. Le ton est volontairement décalé, plein d’ironie et d’auto-dérision. Le film ne prend au sérieux ni ses personnages, ni leur projet. Quelques savoureuses séquences sous acide ("marcher dans les bois drogué est une chose que la plupart des gens ne font pas" philosophe l’un des protagonistes) confirment l’impression d’un récit en roue libre, ponctué par des rencontres de hasard et des scènes de bivouac bon enfant.

Le basculement se fait presque sans prévenir, lorsque la petite troupe s’enfonce dans une fuite en avant qui ne dit pas son nom. La fantaisie débridée fait place à une gravité saisissante, captée par une caméra qui n’a plus rien d’amateur. Une réelle intensité se dégage des dialogues, qui deviennent à la fois plus rares et plus profonds. On comprend alors que le rêve de Vincent recouvre une réalité plus ambivalente qu’une bonne tranche de rigolade entre copains, et on touche du doigt cette forme de folie qui pousse le personnage principal à prolonger indéfiniment sa quête particulière, aussi nihiliste qu’initiatique.

Difficile de ne pas être fasciné par cette forme d’autodestruction aux relents d’absolu, et par la manière dont elle s’articule avec les désirs des autres membres du groupe qui, eux, restent malgré tout (malgré leur loyauté, surtout) attachés à une certaine réalité, et exigent, a minima, un but à poursuivre. On assiste, presque interloqués, au délitement d’une expérience collective qui se mue peu à peu en initiation purement individuelle et intime, voire éminemment solitaire.
 
MpM

 
 
 
 

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