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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Wolverine : Le combat de l'immortel (The Wolverine)
USA / 2013
24.07.2013
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MEN OF STEEL
«- Tu joues les durs en slibard rouge ?»
Rien de bien neuf à l’Est. En déplaçant le plus connu des héros des X-Men au Japon, on pouvait espérer de la part de James Mangold une œuvre au minimum singulière. Wolverine 2, tout en conservant son ADN plus animal que la franchise des X-Men gâtée en joujoux technologiques, souffre de deux maux : un scénario bancal et une vision très clichée du Japon.
Bien sûr, le spectacle vaut le coup d’œil. Le prologue avec la bombe atomique lâchée sur Nagasaki est une prouesse tout comme cette séquence sur le toit du Shinkansen lancé à toute allure, où la vitesse et la voltige scotchent le spectateur. C’est d’ailleurs là qu’on voit tout le potentiel de cet épisode. Le film nous accroche dans ses scènes d’action ou de combats. Mais lorsque le final, moins flamboyant que ce qui a précédé, arrive, on décroche un peu, trouvant le temps long.
Car tout le problème vient d’un script qui ne parvient pas à harmoniser les moments intimes avec les défis aventureux. Wolverine est en deuil, traumatisé, un véritable ours dans sa caverne. Il rêve de la mort, ce qui est ironique pour un immortel. Abréger ses souffrances, tel est son but. Héros tourmenté par ses crimes et torturé par son passé, il est, comme Batman et Superman, face à une crise existentialiste. La noirceur d’un immortel (et invincible) méritait peut-être un traitement plus créatif, et même un peu d’humour. Le scénario poursuit inlassablement la mécanique trop factice qui enchaîne les cauchemars, les corps-à-corps et autres poursuites, et les moments de réflexions (pas forcément introspectives). Entre la mièvrerie des songes où Jean réapparait de l’au-delà et la pause romantique complètement superflue (et très longue), le film prend même du plomb dans la cuisse, et comme son héros, il a du mal à conserver sa vaillance.
Il faudra une grandiose scène digne de Cronenberg (en moins intense certes) où Wolverine doit s’opérer lui-même tout en étant agressé par l’un des salauds pour faire redémarrer la machine : le mutant n’est bon que lorsqu’il ne peut pas mourir. Blessé, il traîne la patte, et fait trainer l’histoire avec.
Et ce n’est pas tant de la faute à une intrigue rocambolesque mais divertissante. Ni aux personnages (tous bien interprétés) un peu stéréotypés (la jeune japonaise un peu fêlée qui sait manier le sabre à la perfection nous rappelle quelques cousines cinématographiques). Ou même à quelques trames musicales plus subtiles que dans la plupart des grosses productions actuelles. Mais James Mangold n’a pas su utiliser le Japon comme il le fallait pour que son film ait un peu plus de relief. « Un œil sur le passé, un autre dans le futur » comme dirait le vénérable Yashida (qui au passage fait une référence au futur opus des X-Men). A force de s’extasier sur l’aspect traditionnel et les clichés touristiques du Japon, il en oublie l’autre face, plus moderne. Certes, une femme en kimono c’est toujours très joli à voir. Mais combien de films hollywoodiens ont pris comme décors ces vieux villages d’estampes, ces ports de pêche paisibles et surtout ces villas démesurées idéales pour manier le sabre en ombre chinoise ? Et pourquoi Hollywood se sent toujours obligé de rendre invraisemblable certaines poursuites dans une ville (en faisant passer les héros d’un quartier du sud à un plus septentrional en moins d’une minute) ou de rétrécir un pays en déplaçant ses personnages en moins d’une journée pour faire une distance qui en mériterait deux ? Ce manque d’inventivité esthétique et de crédibilité nuisent fortement à l’intérêt que l’on porte au film, le rendant pour le coup périssable. Certes « L’éternité peut-être une malédiction », mais rien n’empêche de vouloir faire vivre son film longtemps après sa sortie…
Dans cette histoire de Ronin (Samouraï sans maître), avec deux anges gardiens, on préférera l’idée d’un X-Men au pays du Soleil Levant comme on apprécie un Tintin au Tibet. Cette sombre saga familiale n’est finalement qu’un mélo sanglant et tragique. Le pouvoir (celui de la science, de l’argent ou de ses gènes) rend fou et peut conduire aux pires trahisons. Wolverine est l’unique héros face à des méchants finalement assez ordinaires (hormis cette Vipère). Ce qui les réunit, et donne la cohésion à l’ensemble (hélas maladroitement écrit), c’est bien ce code génétique familial ou mutant, ce sang qui les emprisonne, les piège, qui empoisonne leur existence. C’est sans doute ce qui manquait à Mangold pour réaliser un grand film autour de ce super-héros fascinant : un scénario de film noir, une dimension shakespearienne. A force de compromis, les productions s’affadissent.
vincy
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