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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les derniers jours (Los últimos días)
Espagne / 2012
07.08.2013
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APOCALYPSE LOW
"Qui aurait pu imaginer il y a un an qu’il nous arriverait enfin un truc intéressant ?"
Le cinéma post-apocalyptique aime pousser l’homme dans ses derniers retranchements, et observer la manière dont il évolue lorsqu’il est confronté à une adversité à laquelle il n’était pas préparé. Les héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit (sauf s’il y a Brad Pitt ou Tom Cruise au générique), et parfois les meilleurs abandonnent toute valeur morale. C’est qu’en cas de situation extrême, la fin justifie les moyens.
Les derniers jours surfe sur cette vague en associant deux personnages (évidemment opposés) dont les caractères a priori stéréotypés (homme froid et intraitable / jeune homme sympa et cool) vont avoir tendance à s’inverser sous la pression. Le film s’ouvre ainsi sur une séquence située plusieurs semaines après le début de l’épidémie qui ravage la planète. La tension est immédiatement palpable entre les employés d’une grande entreprise forcés de cohabiter bien malgré eux, entre angoisse, paranoïa et privations. Marc (le personnage principal) n’hésite d’ailleurs pas à recourir au chantage pour obtenir l’aide d’Enrique, son supérieur hiérarchique.
Leur expédition souterraine (et le lot de rebondissements qui la jalonnent) permet au scénario d’explorer les pistes traditionnelles du film post-apocalyptique : la violence et la tentation de la loi du plus fort à travers la formation de bandes armées qui tirent profit de la situation ; la perte d’humanité et l’absence d’empathie à l’égard des autres ; la vie sauvage qui redevient la norme… et même les théories conspirationnistes sur les causes de la catastrophe. A cela s’ajoute une construction à base de nombreux allers et retours entre le "présent" (la quête de Marc pour retrouver Julia) et le passé (le temps heureux avant l’épidémie) qui ménagent suspense et révélations.
Un cheminement extrêmement balisé qui parvient à être efficace grâce au recul que prennent les réalisateurs. Ainsi, ils restent très mesurés dans leur utilisation des codes du film de genre (notamment dans ses aspects les plus violents et pessimistes) pour aller plutôt vers la parabole. Le manque d’aspérités scénaristiques (tout est un brin trop facile) est alors compensé par la volonté des auteurs d’injecter au propos une grosse dose d’utopie et d’optimisme.
Si aucune explication n’est donnée sur les raisons de l’épidémie, le film suggère en effet de manière assez symbolique que les hommes, trop coupés de la nature et du réel, sont tout simplement devenus allergiques au monde. Arrivée à un point de non retour (surpopulation, surconsommation, épuisement des ressources naturelles…), la planète semble avoir lancé un plan de régulation qui provoque un changement d'ère et le basculement vers une nouvelle humanité. Le dénouement est à ce titre une jolie allégorie d’un avenir meilleur, laissant entrevoir la possibilité d’une fin (les fameux "derniers jours" du titre) qui serait surtout un nouveau commencement.
MpM
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