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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Je ne suis pas mort
France / 2012
07.08.2013
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JE EST UN AUTRE
"Il est beau..."
Je ne suis pas mort est un premier film singulier qui se distingue presque miraculeusement du lot de longs métrages français, plus ou moins estampillés auteur, qui envahissent nos écrans chaque semaine. Un film dont il vaut mieux ne rien révéler, pour laisser au spectateur le plaisir de se laisser d’abord intriguer, puis interpeller, et enfin envoûter.
L’intrigue, d’une simplicité extrême, permet au réalisateur de jouer brillamment avec les genres cinématographiques et leurs codes respectifs. Au départ, on est dans une œuvre ouvertement sociale, qui étudie avec une certaine ironie les rapports sociaux entre des érudits de la classe supérieure et un étudiant, visiblement modeste, issu de l’immigration. Puis le fantastique s’invite, sans aucuns effets spéciaux. Une certaine inquiétude teinte alors chaque scène, venant confirmer l’impression de malaise présente dès la séquence d’ouverture. La normalité la plus basique devient source d’ambivalence, à mi-chemin entre ce qu’elle paraît être et ce qu’elle est réellement.
Mais ce qui est sans doute le plus intéressant, c’est la multitude d’interprétations auxquelles donne cours cette étrangeté du quotidien. L’allégorie sociale est flagrante, qu’on la perçoive comme la vampirisation symbolique de la jeunesse et de la beauté par un homme sur le déclin, comme un fantasme d’ascension sociale accélérée ou encore comme l’éternelle domination des élites blanches et installées sur une jeunesse pourtant prometteuse mais desservie par ses origines. A moins que l’on ne puisse au contraire y voir, comme le suggère la séquence finale, l’idée que les nouvelles générations, issues de la mixité et de l’immigration, sont le seul avenir possible de classes dirigeantes à bout de souffle, et, par extension, d’une France en pleine mutation…
Mehdi Ben Attia laisse jusqu’au bout planer l’ambiguïté, montrant (non sans malice) que quelle que soit la réalité, chacun y trouve son compte. La dernière réplique de Maria de Medeiros, découvrant le jeune frère de son amant, laisse ainsi éclater au grand jour le cynisme du réalisateur qui cultive avec beaucoup de finesse et de subtilité une ambivalence et une immoralité parfaitement délicieuses.
MpM
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