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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le Dernier pub avant la fin du monde (The World's End)
/ 2013
28.08.2013
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BOIRE ET DEBOIRES
"- Je n’ai rien bu depuis seize ans !
- Tu dois avoir soif, alors…"
Présenté comme le dernier volet d’une trilogie comportant Shaun of the dead et Hot fuzz, Le dernier pub avant la fin du monde reprend en partie les éléments de ses prédécesseurs : autodérision, détournement des codes du genre (ici le film de potes doublé du film d’anticipation apocalyptique) et absence totale de prétentions.
Dès les premières scènes, l’argument de départ est si inexistant que le réalisateur masque sa minceur derrière une musique et un montage trépidants, voire épileptique. Cela ne l’empêche pas de délayer interminablement cette histoire de retrouvailles et de "barathon" pendant ce qui semble une éternité. Pendant ce temps, Simon Pegg (qui s’est apparemment écrit un rôle destiné à éclipser les autres acteurs) cabotine et en fait des tonnes. Autour de lui, les quatre autres comédiens, et notamment son complice de toujours, Nick Frost, jouent les faire-valoir un peu guindés, chacun coincé dans un stéréotype donné.
Il faut attendre la révélation que quelque cloche à Newton Haven pour que la partie réussie du film démarre enfin. Plus à l’aise dans la parodie de science fiction que dans celle de la comédie à la Very bad trip, Edgar Wright se moque gentiment des partisans de l’ordre établi, de l’incorrigible indiscipline de la race humaine et de l’immaturité crasse du héros. Le pub garde son image de refuge idéal (comme dans Shaun of the dead) et l’alcool semble être le carburant parfait pour se battre contre des hordes d’extra-terrestres invincibles, à l’image de la potion magique d’Astérix le Gaulois face aux méchants Romains, et dans un rapport de forces un peu identique.
Noyée au milieu de gags plus ou moins faciles qui jouent beaucoup sur le comique de répétition, surnage une thématique plus "sérieuse", celle de la déception face à une existence qui n’a pas tenu ses promesses. Le personnage pleure encore son avenir brillant parti en fumée et l’échec d’un parcours qui ne cesse de le ramener vers la nostalgie d’un âge d’or révolu. Ses péripéties à Newton Haven, la ville de son adolescence, apparaissent comme une manière d’infléchir l’histoire, et de prendre un nouveau départ. Ce qui, bien sûr, adviendra de la manière la plus inattendue, et la moins politiquement correcte. Il ne faut en effet pas compter sur Edgar Wright pour replacer son personnage sur le droit chemin (clairement présenté comme une existence terne et ennuyeuse), ou faire une croix sur la vision d’une jeunesse parée de toutes les qualités… Ce Dernier pub avant la fin du monde a ainsi définitivement quelque chose de régressif qui le rend éminemment sympathique, à défaut d’être vraiment réussi.
MpM
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