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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Paulette
France / 2013
16.01.2013
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HA! CHICHE!
Paulette a davantage l'allure un téléfilm consensuel que d'un film provocateur. Rien dans la mise en scène ne le distingue d'un bon divertissement de soirée où le "vivre ensemble" l'emporte sur le racisme, l'insécurité et la précarité. Entre sentimentalisme et individualisme, le film est ancré dans son époque, ciblant ses seniors effrayés de voir leur civilisation muer, mais tout est fait pour nous rassurer : le monde n'est pas si horrible que ça...
Et pourtant, malgré ce conformisme sage, le plaisir est là. Les actrices se donnent à fond pour nous fournir du rire et des sourires avec leurs "space cakes". Tout est très communicatif. Bernadette Lafont ne recule devant rien : rancunière, xénophobe, mesquine, cupide, vieille folle ... elle se régale avec un personnage à la Tatie Danielle, qui, doucement, va évoluer, jusqu'à faire ressurgir la générosité qui la rendait lumineuse autrefois. Clairement, la comédienne est l'atout principal de cette comédie sociale gentillette et gourmande.
On regrettera juste que de cette observation sociale intéressante (une retraitée avec le minimum vieillesse, dans une cité où le deal est la grande richesse) opte pour le rocambolesque (mafia russe avec ambition dégénérée) plutôt que le délire et le burlesque qu'il frôle à certains moments. De même, on sent une certaine pudeur à aller dans le trash et le politiquement incorrect.
Heureusement pour Paulette, le réalisateur n'hésite pas à être parfois cru, aidé par la sincérité et la justesse de sa vedette, et à flirter avec le manque d'éthique de ses personnages, jusqu'à nous faire accepter que le trafic de drogue ce n'est pas si mal. A ce titre le final est bien trouvé, renvoyant la société française à ses hypocrisies. Reste que l'écriture n'est pas tout à fait maîtrisée et les dilemmes sociaux et moraux, une fois posés, ne parviennent jamais à dépasser la superficialité d'un débat de talk-show. On aurait aimé un peu plus de profondeur, de rigueur même, pour que l'amusement se transcende en portrait des contradictions (irrationnelles le plus souvent) qui altèrent nos jugements.
Il faut toute la dérision des dialogues et des situations pour nous laisser happer par ce "feel good movie" qui ne peut pas finir mal. Et en voyant Lafont s'éclater avec cette Paulette aigrie et solitaire, on se dit qu'un peu de cynisme n'aurait pas fait de mal : mais nous ne sommes pas chez Chabrol non plus, et il faut se résigner à voir une belle histoire compassionnelle et légèrement déviante. vincy
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